La réalisatrice Martine Doyen a intitulé son film Komma, qui possède plusieurs significations sous différentes langues, à l'image de son personnage qui change de nationalité : "Peter est un Flamand qui se fait passer pour un Suédois. En flamand, Komma signifie "virgule" et en suédois, ça veut dire ; venir, revenir, arriver... Bref, dans les deux langues ce mot évoque un passage vers, une zone floue entre deux propositions.". De plus, il évoque phonétiquement la notion de sommeil et illustre bien l'état mental du héros qui va bientôt se "réveiller".
L'idée de base de Komma était le personnage de Peter de Wit, cet homme en costume noir qui erre le long des rues et qui s'invente des histoires. En faisant rencontrer ce mythomane et une amnésique, la réalisatrice Martine Doyen et sa co-scénariste Valérie Lemaître voulaient jouer sur l'idée de la mémoire: celle qu'on oublie, et celle qu'on s'invente... Le récit pouvait ensuite être composé à foison d'histoires vraies, de rêveries et autres errances imaginaires: "Le scénario s'est construit petit à petit et s'est enrichi d'un tas d'éléments. Au plus on creuse les personnages, au plus l'histoire s'incarne et s'ouvre sur de nouvelles perspectives. Les idées de la morgue (une histoire vraie qu'un SDF m'a racontée), du château en Bavière et de la sculpture qui explose ont apporté pas mal de sens, si pas plus, au film dans son ensemble. Le résultat final est beaucoup moins conceptuel que le pitch de départ, plus libre d'interprétation, plus proche de la vie".
Face à Valérie Lemaître, interprète de Lucie et co-scénariste du film, la réalisatrice Martine Doyen a voulu opposer une star qui donnerait de la crédibilité au film et qui porterait bien cette aura de personnage lunaire. Le fait qu'Arno posséde ce côté décalé et soit au carrefour de plusieurs langues (il est flamant d'expression française mais néerlandophone de langue maternelle et chante parfois des chansons en anglais) était idéal pour le personnage: "Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ? Il correspondait terriblement bien au personnage et donnait une couleur au film que j'aimais beaucoup ! Le simple fait qu'il ne soit pas francophone rendait le film moins bavard ce qui n'était pas pour me déplaire... De plus, son âge, sa présence, le fait qu'il soit pratiquement vierge de cinéma, qu'il ait cette image rock and roll, rendait le personnage plus émouvant et sympathique malgré son côté sombre. Je n'ai pas réfléchi longtemps, cinq minutes peut-être ?"
La réalisatrice Martine Doyen a choisi de jaloner le chemin sinueux de Peter de grands symboles artistiques: la sculpture qui explose est en fait un hommage à l'artiste Patrick Vandewijver qui étudiait le point de rupture de la matière, et dont la vie a beaucoup inspiré le personnage de Lucie. De plus, toute la deuxième partie du film se passant en Bavière vient puiser à la fois dans le romantisme allemand, les toiles oniriques et baroques de Caspar David Friedrich ainsi que l'imagerie disneyenne puisque le chateau de Neuschwanstein a inspiré le dessin animé de La Belle au bois dormant, autre refet symbolique de l'état mental du héros.