Fan inconditionnel de Matthew Vaughn que je considère comme un des réalisateurs les plus doués du moment et incontestablement le plus fun ("Kick-ass", "X-Men : le commencement", "Kingsman"…), j’ai mis du temps à voir "Stardust". Il faut dire que le film semblait calibré pour un public assez jeune et sortait juste après l’excellent "Layer Cake" (son premier film, pas vraiment destiné aux enfants), ce qui avait de quoi laisser dubitatif quant à l’homogénéité de l’oeuvre de Vaughn. Pourtant, la critique s’était montrée étonnement bienveillante avec ce film et louait son originalité. Et, après visionnage, je comprends ce qui a plu aux critiques de l’époque… mais cela ne suffit pas à faire de "Stardust" un film à la hauteur de la filmographie du réalisateur. Le problème principal vient de l’univers créé par Vaughn, qui fait trop héroic fantasy artificiel… surtout quelques années après "Le Seigneur des anneaux". Pas évident, dès lors, de se projeter facilement dans le film, alors qu’il s’agit, habituellement, d’une des grandes forces des histoires de Vaughn. Le ton général de "Stardust" est, également, handicapant puisqu’on est définitivement devant un spectacle adressé aux enfants… et ce malgré les efforts de Vaughn pour dynamiter un peu les habitudes de ce genre de production. On retrouve, ainsi, un ton gentiment décalé et des personnages aux parcours surprenants, qui viennent étoffer un récit, par ailleurs trop décousue et prévisible.
Ainsi, la belle du héros (Sienna Miller) s’avère être une garce superficielle, les prétendants au trône (dont Mark Strong, Jason Flemyng et Rupert Everett) sont autant d’arrivistes sans scrupules au destin funeste qui trouveront un semblant de rédemption narrative après leur trépas, l’impitoyable capitaine des pirates (Robert de Niro) s’avère être un travesti en mal d’amour…
De façon générale, les seconds rôles sont plus intéressants que le couple vedette campé par le jeune Charlie Cox et Claire Danes, dont les rôles ne bénéficie pas la même originalité et souffrent même d’un côté parfois caricatural. Ainsi, le héros Tristan parait bien falot et sa "mutation" est, à mon sens, trop rapide pour espérer susciter l’empathie. Quant à l’étoile Yvaine, son origine magique n’a, au final, que peu d’intérêt tant son caractère est humain. J’ai, également, trouvé que la grande méchante Lamia (Michelle Pfeiffer) manquait de subtilité, malgré des motivations potentiellement intéressantes (la jeunesse éternelle) et, surtout, de second degré… au point de faire un peu "tâche" dans le tableau ambiant. C’est sans doute parce que les personnages principaux manquent de recul par rapport à l’histoire, contrairement aux seconds rôles, que le film donne cette impression inégale d’histoire déjà vue, transcendée par des fulgurances absurdes souvent très drôles. "Stardust" nous offre, donc, un spectacle gentiment décalé, qui arpente souvent des sentiers inattendus avec une touche d’humour appréciable… mais reste, à ce jour, le moins bon film de Matthew Vaughn.