"Le dernier gang" : une reconstitution historique ou pure fiction ? C’est ce que je me suis demandé après avoir visionné le film, d’autant plus qu’une figure du grand banditisme est parfois évoquée : Mesrine. Pourtant, le terme postiche me rappelait vaguement quelque chose... Mais quoi ? Alors je me suis documenté sur le sujet, et il s’avère que ce fameux gang a réellement existé.
Pourtant le scénario s’inspire très librement de l’épopée de cette équipe de braqueurs. Et pour cause : André Bellaïche, soupçonné d’être le cerveau de cette organisation, a proposé l’idée à travers son propre témoignage, et comme il n’a jamais pu être formellement confondu, il ne pouvait pas révéler toute la vérité non plus. Culture du mystère et des non-dits, quand tu nous tiens… Donc voilà, il ne faut pas vraiment chercher de concordances entre le scénario et les faits réels. Car si les grandes lignes sont bel et bien là avec ces cambriolages particulièrement audacieux, tout le reste a été changé, à commencer par les noms des membres du groupe.
L’inconvénient de ne pas s’appuyer concrètement sur les faits est que la réalisation d’Ariel Zeitoun manque cruellement de fluidité. Je veux dire par là qu’il manque quelques scènes de transition, ce qui a tendance à désarçonner un peu le spectateur en lui faisant perdre plus ou moins le fil. C’est dommage, car la prestation des acteurs est là, à commencer par Vincent Elbaz, très convaincant dans ce rôle et qui n’est pas sans rappeler celle de Vincent Cassel dans le diptyque "Mesrine", arrivé deux ans plus tard. D’ailleurs, c’est à se demander si le lancement de "Mesrine" n’a pas été inspiré par "Le dernier gang".
Pascal Elbé campe avec beaucoup de charisme cette personne issue d’un milieu bourgeois, et qui pourtant prend part à cet appel d’adrénaline. Puis il faut parler aussi de Sami Bouajila, très convaincant également dans sa partie. Quant à Gilles Lellouche, il dévoile une facette supplémentaire de son talent en flic au caractère bien trempé : un vrai chien fou, même si parfois il en fait un tout petit peu trop, certes peu aidé par l’introduction pas suffisamment développée de son personnage dans la danse. Et que dire de Clémence Poésy avec ses yeux qui pétillent d'étoiles dès lors qu'elle est en présence du personnage principal ? Ma mention spéciale va vers elle pour sa remarquable expression scénique.
Le rythme de l’ensemble de l’œuvre est bon, les scènes d’action sont menées tambour battant, ponctuées de moments plus calmes bien aménagés. La reconstitution de la fin des années 70 puis des années 80 est bien restituée, tant au niveau des vêtements que des véhicules, bien que quelques internautes cinéphiles aient noté des anachronismes concernant certains véhicules en arrière-plan. De mon côté, c’est passé totalement inaperçu, mais c’est peut-être en raison de la présence de ces véhicules-là que certains plans d’extérieur sont si rapides.
On saluera le travail de fourmi réalisé dans les archives de L’INA, dont les images viennent enrichir la folle cavalcade de ce gang. Quoiqu’on dise, et malgré la prestation de Vincent Elbaz, l’intensité est trop inégale pour retenir définitivement l’attention du spectateur, même si les scènes de braquage sont bien rendues : tendues, rapides et efficaces. "Le dernier gang" ne laissera hélas pas un aussi grand souvenir que "Mesrine". Dommage, car le potentiel était aussi énorme que le diptyque.