Mais quelle mouche a donc bien pu piquer Antoine ? Marié et père de deux enfants, ce publiciste décide, un beau jour comme ça, en pleine réunion, de se saborder, et de quitter son travail. Puis, pris en flagrant délit d’adultère par une amie de son épouse, il envoie balader famille et amis, au cours d’un dîner d’anniversaire qui tourne au jeu de massacre, à coups de répliques assassines, aussi jubilatoires que grinçantes, qui nous font presqu’oublier que le spectacle est orchestré par Jean Becker, davantage spécialisé dans la comédie dramatique champêtre (“Les Enfants du marais”, “Dialogue avec mon jardinier”). Car, hormis un dernier quart-d’heure au sein de la campagne irlandaise qui nous rappelle au bon souvenir des ses derniers films, le metteur en scène de “L’Été meurtrier” opère ici un changement de registre plutôt inattendu et réussi, servi par une Marie-Josée Croze touchante, et un Albert Dupontel de haut niveau, qui parvient à rendre son personnage des plus antipathiques. Certains de ses aspects empêchent pourtant ces “Deux jours à tuer” d’atteindre des sommets, à commencer par les motivations d’Antoine. Trop longtemps floues, celles-ci nuisent à toute possibilité d’empathie, et rendent même, parfois, son caractère et son opération “autodestruction” incohérents (pourquoi donc va-t-il reprocher à son père d’avoir fait à sa famille ce que lui-même vient de faire à la sienne ?). Heureusement, la fin (à ne surtout pas révéler à toute personne n’ayant pas vu le film), inattendue, rattrappe le tout, lorsque les larmes et la nouvelle dimension qu’y acquiert Antoine viennent dépasser l’impression d’avoir été mené en bateau avec roublardise, et que l’émotion nous étreint pour ne plus nous lâcher jusqu’au bout du générique, illustré par une chanson de Serge Reggiani, que Jean Becker incite chacun à écouter jusqu’à son terme.