Bon, un film qui se devait pour ne pas décevoir, d’avoir une chute réussie. Franchement, Deux jours à tuer ne s’en sort pas mal, mais j’ai trouvé tout de même le métrage un peu trop simpliste, avec une sortie trop facile. Il n’en reste pas moins que Jean Becker signe ici un film audacieux, avec surtout d’excellents numéros d’acteurs.
Albert Dupontel est réellement très solide dans son rôle, s’avérant délicieusement détestable ! Il transcende totalement son personnage, et porte le film à bout de bras, entouré de seconds rôles de qualité. Très bon Pierre Vaneck, et une belle équipe d’amis et familiale autour de Dupontel qui s’en prend plein la poire et joue très bien aussi ! Alors certes, Becker pousse la caricature quand même, et on aura du mal à croire franchement au personnage face auxquels on se trouve, mais la verve de Dupontel et sa façon d’y croire fait qu’on adhère au concept assez vite.
L’histoire est clairement divisée en deux parties. Dans la première Dupontel joue le monsieur odieux, et c’est une partie un peu fastidieuse dans le sens où c’est un numéro qui consiste pour le héros à débiter des méchancetés à tout son entourage ! C’est presque un one-man-show d’ailleurs, avec finalement l’impression qu’il n’y a pas grand-chose d’un strict point de vue scénaristique. Et comme on ne sait pas où Dupontel veut en venir, c’est une demi-heure assez longuette, malgré des moments très réussis dans leur genre à l’instar du repas. La seconde partie est plus classique, le héros rencontrant son père, et c’est là qu’on finira par avoir le fin mot de l’histoire, lequel ne m’a convaincu qu’à moitié. Je crois que la fin est finalement trop abrupte, trop rapide, on a le sentiment du coup d’avoir vu tout ça pour ça. Cela mis à part, Deux jours à tuer est un film vif, avec des dialogues bien écrits, et l’idée était audacieuse. C’est déjà ça de pris !
Formellement Deux jours à tuer n’a rien de spécialement incroyable, mais Becker orchestre un film propre, avec une mise en scène simple et convaincante, et comme souvent son sens du paysage, du cadre, de l’ambiance, avec un intérêt pour les extérieurs naturels traités avec sobriété. C’est surtout vrai dans la seconde partie d’ailleurs. La bande son est pour une fois plus intéressante que la moyenne des films du réalisateur. Ce dernier a souvent recours à une simple musique d’ambiance, ici il y a des chansons qui prennent une part à l’action.
Pour conclure, voilà un drame orchestré avec suffisamment de solidité pour convaincre, mais qui souffre d’une construction trop sommaire, avec une sortie abrupte qui ne met pas tellement en valeur tout ce qu’on a pu voir en amont. Il faut être franc cependant, si le film de Becker sort du quelconque, c’est surtout grâce au numéro mémorable d’Albert Dupontel. 3.