Que d'émotions, que de suprises ! Un très grand moment de cinéma. Je suis tombé dessus complètement par hasard, une bande-annonce diffusée à la télé. "Rosario" se présentait comme une descente aux enfers trash, douloureuse, violente. Bien sûr, il ne faut pas s'y fier. Cependant, j'ai senti sur un plan, un seul que quelque chose se passait. Alors je me suis précipité. Et j'ai été bluffé. Malgré un début douteux nous montrant sous tous les angles possibles la plastique de cette prostituée, on se rend vite compte que le film n'est pas pervers, au contraire. Cette entrée en matière était en fait destinée à nous la présenter sous une vue extérieure, celle du monde l'entourant. Finalement, l'ensemble devient un superbe portrait de femme à fleur de peau, très émouvant. Toute la violence n'est pas gratuite, mais sert au contraire comme un véritable pamphlet contre l'état colombien, responsable implicitement de toute la décadence et horreurs des rues. Rosario n'a pas mérité son statut, c'est une femme comme une autre qui a le droit de vivre, tomber amoureuse et ne pas être traité comme un objet. C'est difficile d'en parler rapidement mais toujours est-il que l'intensité dramatique est surpuissante, à tel point qu'elle parvient à nous transmettre aisément des émotions complexes. La structure en flashs-backs est unique : le metteur en scène ne tombe ni dans le piège du puzzle, ni celui du désordre total sans début ni fin, et pourtant, son récit n'est pas linéaire. Flora Martinez a dû taper dans l'oeil de plus d'un mais elle se fait à mon avis voler la vedette par le gars jouant Emilio : impeccable dans le rôle du pauvre gars désabusé, désespérement amoureux et qui n'aurait jamais dû être mêlé à tout ça. La conclusion très noire laisse abasourdi, plus par son propos que son intérêt scénaristique. A ne surtout pas manquer, "Rosario" est LE film coup de poing de ces dernières années. Précipitez-vous, c'est une vraie bombe comme on en voit que très rarement. Sublime.