Sans moi est l'adaptation du roman homonyme de Marie Depleschin. Le réalisateur Olivier Panchot l'a connu par l'intermédiaire de sa productrice Marie Masmonteil. Il a ensuite fait le choix courageux de changer de point de vue par rapport aux personnages du livre, en s'interessant d'avantage au personnage de la mère plutôt qu'à celui de la jeune fille : "Ce roman est assez autobiographique, je pense que par pudeyr Marie Desplechin s'est un peu effacée pour faire le portrait de la jeune fille. J'ai décidé très vite d'inverser la proposition du roman : ne pas faire le portrait du modèle mais celui du peintre, changer radicalement la perspective. En prenant cette option assez radicale, je me suis affranchi du poids du roman : il fallait réinventer la fiction secrète de cette femme. Libre à moi de m'approprier l'intimité du personnage et de la mettre en scène."
L'action se situe au coeur d'un Paris que Olivier Panchot a voulu en symbiose avec ses personnages : "J'ai voulu recomposer un Paris singulier autour de l'appartement d'Anna. Il fallait que la perception des lieux soit en phase avec son état psychique. Nous avons fait en sorte de pouvoir tourner dans des rues étrangement désertées, comme en retrait du monde, tout en étant situées à proximité d'un parc. Il s'impose alors comme un élément perturbateur, un peu sauvage. Le parc des Buttes Chaumont échappe à la rigueur géométrique des jardins " à la française ", il est plus accidenté, la végétation semble ici plus libre, moins domistiquée".
Olivier Panchot avait déjà rencontré Clémence Poésy sur le casting d'un précédent film: "Elle m'avait laissé une très forte impression. Clémence a une élégance étrange, presque aristocratique, assez rarz parmis les comédiennes françaises de sa génération."
La mise en scène d'Olivier Panchot est en grande partie basée sur les mouvements des corps, sur la gestuelle plus que sur la parole : "J'ai beaucoup de plaisir à filmer des corps en mouvement. Je suis plus facilement bouleversé par un geste, une attitude, que par la manière dont le texte est joué. La mise en scène c'est aussi une affaire de chorégraphie. en matière de direction d'acteurs, je n'aime pas faire de psychologie, ça les enferme. En revanche je suis très précis sur les gestes, les déplacements, le rapport au cadre, le tempo du texte, en fait avec tout ce qui a avoir avec les mécanismes du jeu". Dans la même optique, le réalisateur s'est permis une autre liberté : dans le roman, la jeune fille prend des cours de cirque pour devenir clown, tandis qu'elle suit des cours de danse dans le film.
Olivier Panchot voulait donner à une scène un caractère d'" inquiétante étrangeté ". Pour cela, il a fait jouer la scène... à l'envers ! Kaori Ito, la chorégraphe du film, a réglé chacun des mouvements des deux comédiennes. La séance a ensuite été remise à l'endroit en postproduction.
Même si les personnages principaux du film sont des femmes, Olivier Panchot se défend d'avoir fait un film à la sensibilité féminine : "Ce qui compte c'est la justesse des personnages, l'acuité du regard. Je pense aux films de Truffaut, en particulier "L'histoire d' Adèle H" ou encore "Persona" de Bergman. Je pense aussi à "La leçon de piano" de Jane Campion. Voilà trois trajets de femme d'une force et d'une justesse incroyable. Parmis ces trois films y aurait-il un film plus féminin ou plus masculin que les autres ?"