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Pascal
159 abonnés
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4,0
Publiée le 27 septembre 2024
Ressortie en salle de " Pitfall" ( le piège), (1948) classique du film noir d'André de Toth que l'actrice principale Lizabeth Scott considérait comme son titre préféré.
Un agent d'assurance, père de famille, a une aventure avec la petite amie de l'auteur d'une escroquerie.
De Toth, cinéaste américain d'origine hongroise a fait l'objet d'une réévaluation de sa filmographie par Bertrand Tavernier et Scorsese. Longtemps considéré comme un auteur de série B, la ressortie de cet opus majeur de sa filmographie permet à l'amateur de cinéma du patrimoine de juger sur pièce.
Faisant vaguement penser dans l'exposition du scénario à "assurance sur la mort" de B.Wilder, le scénario de " Pitfall" n'est pas le prétexte à un suspens aussi exaltant que celui du chef d'œuvre de Wilder.
Malgré tout, la prestation de Dick Powell qu'on a pu apprécier dans des rôles de privé chez Dmytrick notamment ("Adieu ma jolie") et surtout la présence de Lizabeth Scott donne tout le prix à cet opus de De Toth.
L'actrice, dont la ressemblance avec Lauren Bacall est frappante ( la carrière de cette dernière sera toutefois beaucoup plus étoffée et riche en titres majeurs) propose de nombreuses scènes où elle est formidable.
Le film noir profilé sur la base d’un triangle amoureux, est d’une autre complexité quand les protagonistes n’endossent pas toutes les caractéristiques du genre. Pour une soirée d’égarement, un brave père de famille se retrouve confronté aux affres du chantage par un ancien collègue jaloux, odieux, psychopathe. Autant de touches de caractères révélées par l’individu qui insiste lourdement ,menaçant auprès de la belle qui lui a préféré son partenaire. Il ne lâchera ni l’un, ni l’autre dans une partie de billards à trois bandes, qu’il risque d’emporter en prévenant l’amant, encore en prison, des agissements de sa compagne. Ce qui attise le suspense latent, sans fioriture, au happy end plus ou moins tiré par les cheveux . Le noir de ce Thot est plutôt charbonneux Pour en savoir plus : lheuredelasortie.com
S'il reste un Film Noir de base, le scénario est assez malin en mêlant drame social, arnaque, et vengeance. André De Toth évite judicieusement quelques clichés du genre ainsi Mona Stevens/Scott n'est pas la femme fatale inhérente au genre, tandis qu'il contourne le funeste Code Hays en instaurant un adultère sur lequel plane un léger doute. On remarque que les hommes ont des rôles assez stéréotypés, alors que les femmes ont justement des rôles moins caricaturaux qu'à l'habitude, l'épouse est forte et digne et non pleurnicheuse et/ou soumise, la maîtresse n'est pas vamp vénéneuse qui piège un homme. Ce sont les hommes qui piègent et sont piégés prisonniers de leurs désirs primaires et qui réagissent avant tout par la violence. La montée en tension aurait pu être plus forte peut-être, mais André De Toth signe un petit Film Noir solide et plus audacieux qu'il y paraît au premier abord. Site : Selenie.fr
Un bon film noir, daté tout de même en raison des relations hommes/femmes marqué par le puritanisme qui prévalait en 1947. On note quelques invraisemblances, comme la revanche du personnage principal qui parvient à flanquer une raclée à un adversaire beaucoup plus costaud que lui et surtout beaucoup plus expérimenté. La fin est assez triste et moraliste : la petite famille américaine va retrouver sa vie paisible, alors que les marginaux subissent les conséquences de ce mélodrame, en particulier une héroïne sympathique qui n'est en fait qu'une victime. Mais ça se laisse voir agréablement, en particulier grâce aux qualités de la photo et de l'interprétation, du rythme et à des dialogues incisifs.
Certes le scénario ne casse pas des briques même en ce replaçant dans le contexte de l'époque (une sombre histoire d'adultère) mais il est transcendé par un détournement du code Hayes (un peu à la Lubitsch) par le jeu des acteurs, Dick Powell prouvant qu'il peut faire autre chose que de la chanson de charme, et par Lizabeth Scott. De plus la photo est magnifique. Le scénario détourne les codes du film noir en refusant de décrire la "femme fatale" comme une peste et en refusant de considérer l'adultère comme un motif de rupture. Et tout cela est fait de façon intelligente. On en arrive même à supporter le sale gosse.