Sabotage est un film d’action au casting assez prestigieux quand même pour une petite production, et qui, même s’il n’a rien de très original et de très audacieux, s’avère très correct.
Son premier vrai bon point c’est donc ses acteurs. Sur le papier c’est convaincant, mais c’est aussi le cas devant la caméra. Dacascos assure avec solidité. C’est un acteur assez inégal, même dans le registre de l’action, mais là il s’en tire vraiment bien, offrant une interprétation crédible au niveau de son jeu d’acteur, et efficace coté action. Il mène bien la danse. A ses cotés il peut compter sur une Carrie-Ann Moss bien plus intéressante ici que dans la saga Matrix qui lui a pourtant apporté la renommée. Dotée du personnage avec le plus de relief, elle est aussi clairement l’actrice la plus habile du lot et elle se taille sans problème une place primordial pour tenir la baraque. Tony Todd est un méchant crédible et efficace, bien qu’il ne donne pas l’impression de se forcer beaucoup. Il est la petite déception du lot. Quelques bons seconds rôles enfin, de John Neville à Graham Greene, l’acteur que l’on a forcément vu quelque part mais sans forcément savoir où !
Le scénario part sur des pures bases de film d’action avant de dévier un peu vers une histoire multiscalaire et moyennement bien ficelée. Pour être franc elle apparait relativement quelconque, et je crois que le scénariste aurait du partir plus vers le thriller d’action pur et dur plutôt que vers le film de complot. Pour autant l’ensemble est rythmé, malgré une petite baisse en partie centrale, les scènes d’action sont bien réparties, et le travail sur les personnages et les moments de suspens suffisent à garantir un divertissement viable.
Tibor Takacs offre une réalisation typique de son style, avec des scènes d’action aux effets alambiqués, pas forcément du meilleur effet, mais ici utilisé avec suffisamment d’intelligence pour ne pas déranger. C’est toujours très clair et très lisible. Un bémol sur l’abus par moment des ralentis cependant, pas des plus utiles. La photographie et les décors sont corrects mais sans plus. On sent tout de même nettement à l’écran un budget assez faible, qui lui confère une esthétique DTV marqué, mais qui peut aussi séduire par un coté simple et sobre qui rappellera les meilleurs bandes d’un Mark L. Lester ou d’un Walter Hill. D’ailleurs la violence du film et ses scènes d’action éclectiques faisant la part belle aux fusillades et à l’explosivité renvoient aussi à ces deux derniers réalisateurs. C’est là d’ailleurs un des points sympathiques de ce film que cette capacité à associer des éléments de modernité (bullet time…) à des éléments très eighties que l’on a plaisir à revoir à une époque où commence à sortir de grosses productions du cinéma d’action (chez Bay notamment). La bande son enfin est faible.
En clair Sabotage a un pur titre de DTV bas de gamme, mais il mérite un peu de considération. Certes il n’a rien de révolutionnaire, certes ce n’est pas non plus un bijou visuel, mais il fait preuve d’une efficacité certaine. Par ailleurs il utilise intelligemment ses atouts précieux qui le démarque du tout venant habituel, à savoir son casting, et la capacité du réalisateur à proposer une mise en scène inventive, pour l’époque du moins. Je lui accorde 3.5.