Lino Brocka, mort en 1991, était le plus grand réalisateur philippin, pour ne pas dire le seul, et ce film fut le premier film philippin présenté au festival de Cannes, où d’ailleurs il ne reçut aucune récompense. Remis à neuf aujourd’hui, « Insiang » s’apparente curieusement, avec trente ans de retard, au néoréalisme italien, et Brocka faisait du cinéma social, tournant toujours dans les quartiers pauvres de Manille.
Insiang, belle jeune fille très convoitée par les mâles de son quartier, mais restée sérieuse, a une mère volage mais sévère, et pas de père. Sa mère, Tonya, a introduit chez elle un amant plus jeune, Dado, qui convoite Insiang, mais celle-ci, courtisée par un costaud mécanicien, Bebot, finit par céder à ce soupirant, qui... l’abandonne à l’issue de la première nuit dans un hôtel. Insiang pousse alors Dado à lui casser la figure. Mais Dado réclame sa récompense, et Insiang se donne à lui, à seule fin que sa mère
s’en aperçoive et poignarde Dado
!
C’est donc un drame assez sordide auquel on peut reprocher de ne comporter aucun personnage positif. Mais la mise en scène, bien que le tourage ne prit que onze jours, est parfaite de précision. Tout au plus peut-on estimer que la musique, toujours le même thème, revient trop souvent.
Bizarrerie, la mère est interprétée par une certaine... Mona Lisa ! Mais c’est la seule occasion qu’on a de sourire.