Le mot qui m’est venu à l’esprit est : étonnant. D’autant plus étonnant quand on sait que cette fiction a été écrite à partir d’anecdotes réelles. Etonnant aussi par le savant mélange de marginalité et de conformisme, un mélange qui correspond à l’évolution des mœurs et de la mentalité des gens. Cependant le pari était loin d’être gagné du fait des tabous encore bien présents quant à l’homosexualité et à la parentalité des homosexuels, qu’ils soient hommes ou femmes. La preuve en est avec des appréciations très disparates de la part des spectateurs. Pour intéresser le public, le casting a fait appel à des têtes connues : Lambert Wilson et Pascal Elbé en tête. Mais vous savez tous comme moi qu’un casting prestigieux ne suffit pas à faire la qualité d’un film, et à fortiori le succès. Alors que nous aurions pu tomber dans une éventuelle bataille juridique longue et fastidieuse, il a été intégré un personnage féminin pour donner un juste équilibre dans l’histoire afin de favoriser l’identification du public à ce film, que les spectateurs soient homos, hétéros, avec ou sans enfant(s), ou même en conflit par rapport au désir de parentalité. Outre le fait d’avoir la surprise de voir les deux principaux acteurs dans le rôle d’homosexuels, la vraie surprise vient du rôle féminin principal, joué par une actrice hispanique du nom de Pilar López de Ayala. Le jeu d’acteur de Pascal Elbé et de Lambert Wilson est sobre, et je ne saurai dire s’il est bon ou pas, du fait que je ne connais personne dans mon entourage qui soit dans cette condition homosexuelle. Cependant, je les sentais un peu gênés aux entournures, mais je préfère mettre cela sur le compte du différent existant entre leur personnage respectif. Peu importe, ils nous sont rapidement sympathiques et on finit même par s’attacher à eux. Mais la vraie perle d’interprétation revient à ce petit bout de femme espagnole, avec un jeu tout en finesse, profondément humain, superbe de fragilité et de tendresse. Elle mérite d’être une star dans son pays, et il est injuste qu’elle soit une parfaite inconnue en France (et ailleurs). "Comme les autres" se caractérise par la véracité dans son propos : rien n’a été surfait, rien n’a été exagéré, et surtout Pilar López de Ayala a dû apprendre le français pour les besoins du tournage, évitant ainsi tout risque d’un doublage raté en français. Pour ceux qui pensent voir une comédie et bien se marrer, passez votre chemin. "Comme les autres" est selon moi à cataloguer plus dans le genre de comédie dramatique, car si quelques scènes prêtent à sourire, on ne rit jamais à gorge déployée. Au contraire, "Comme les autres" offre une vraie réflexion sur le sujet, grâce à la qualité de l’écriture, profonde (non, il n'y a pas de jeu de mot, mais je préfère préciser parce qu'en me relisant, je me suis rendu compte que ça pouvait porter à confusion). Cela en fait un film certes gentillet et se laissant suivre agréablement, mais qui a le mérite de poser le débat de façon constructive, en opposant le pour et le contre, tout en tenant compte de toutes les conséquences possibles et imaginables.