Un très beau film , totalement atypique, unique dans sa quête, qui questionne des sujets ésotériques et surtout tout ce qui touche à « l’après » . Pour bien comprendre le film il faut savoir que le film est dédié à la sœur de Medem, morte dans un tragique accident de voiture , encore jeune, artiste peintre, dont les magnifiques peintures illustreront tout le film . Puis Medem donnera le prénom d’Ana , à sa fille qui nait au même moment. Cette idée de renaissance, de réincarnation servira de fil conducteur au film. Le premier tiers du film est assez classique, et nous montre Charlotte Rampling ( formidable comme d’habitude, parlant en espagnol, avec un accent si touchant) qui est un mécène , et accueille des jeunes artistes dans une sorte squat artistique à Madrid. L’ambiance y est fun, jeune, délirante, et tout le monde crée dans l’enthousiasme. Elle a rencontré la jeune Ana à Ibiza et a senti tout son potentiel créatif et l’a ramené à Madrid. Celle-ci est très à l’aise, se fait des amis et tombe même amoureuse d’un sahraoui artiste peintre. Commence alors une 2e partie, car Ana est alors soumise à de séances d’hypnose, et elle revît avec intensité de multiples vies antérieures. Cela la perturbe et le spectateur est embarqué dans un monde parallèle inconnu. La 3e partie nous emmènera en Arizona sur les traces de la plus ancienne vie de Ana, celle où elle était une sorte chamane Navajos. Les indiens qui l’entourent dans cette aventure sont authentiques .Il faut alors se laisser embarquer, et oublier tout réalisme ou tentative d’explication. Le film est à la frontière de l’imaginaire. Il se rapproche presque de la philosophie Hindouiste, du mythe de la réincarnation. Il ne faut pas essayer de savoir si c’est vrai. Medem explore une voie nouvelle, tentative très rare au cinéma. La réalisation est superbe, les paysages sont beaux, la mer des Baléares est superbe, le désert Navajos aussi. Le final à New York est surprenant, et très dérangeant, donnant une autre dimension au film, plus politique . La jeune Manuela Velles s’en tire bien et sait s’adapter à ces changements de ton et de style, un rôle difficile à appréhender (elle fera ensuite une bonne carrière cinéma et télévision en Espagne) . Un œuvre unique , originale et très forte, qui peut dérouter, mais passionnante, un gros budget aussi, où pourtant Medem a mis beaucoup de lui même .