Peu de films français récents auront fait cet effet durant ces dernières années... "Un Prophète" a tout raflé, 7 Césars, l'Oscar du meilleur film étranger et un grand prix à Cannes, mais "Un Prophète" n'a pas volé toutes ces distinctions car c'est aussi une réussite cinématographique impressionnante. Avec sa dernière œuvre, Jacques Audiard rentre, à l'instar de son père, dans le cercle des grands du cinéma français. Œuvre redoutable d’efficacité, simple et brillamment interprétée par la révélation Tahar Rahim, ou encore le confirmé et troublant Neils Arestrup. Audiard, en plus de décrire des phénomènes de société, apporte à cet univers réaliste, l'univers de la prison, une dimension encore jamais explorée. Il lui apporte du mysticisme. L'histoire, passionnante du reste, s'avère alors racontée comme une fable, avec ses éléments fantastiques. Il y a dans ce "Prophète" des scènes qui marquent. Des scènes où l'imaginaire de Malik est projeté sur l'écran. Lorsqu'il doit tuer Reyeb, cette première victime lui apparait plus tard, dans sa cellule. Il y a aussi cette sublime scène sur la route marseillaise, dans la voiture, où le cerf passe. Le traitement, au ralenti, le cadrage, la portée émotionnelle de ce passage en fait une des plus belles scènes du cinéma français contemporain. La photographie du film est somptueuse. La mise en scène, forte, d'une qualité remarquable, le montage intelligent. "Un Prophète" est un chef d’œuvre, une perle rare de ce cinéma national, en déclin...