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Le cinéphile
690 abonnés
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4,0
Publiée le 3 avril 2017
Jacques Audiar signe un film poignant et prenant porté par le talent de Harim. Via quelques idées de mise en scène brillante, le rythme parvient à être parfaitement dosé, et malgré ses 2h30 l'ennui ne pointe jamais son nez. Sur cette montée en puissante Un Prophète est un classique intemporel non dénuée de violence et de subtilité.
La critique a tellement encensé Un prophète, le donnant gagnant à Cannes pour la Palme pendant toute la compétition, qu'on s'attend réellement à voir un très, très grand film.
Et c'est vrai qu'Un prophète possède bien des qualités.
Son aspect réaliste est prenant. Sa description de l'univers carcéral contemporain est frappant. L'interprétation de Tahar Rahim est remarquable, pleine de densité, même si elle n'est pas exceptionnelle, celle de Niel Arestrup est encore meilleure. Le scénario se tient, palpitant jusqu'à l'insoutenable dans la première demi-heure. La mise en scène est élégante et puissante à la fois, Audiard impose un style, qui était déjà bien présent dans De battre mon coeur s'est arrêté.
Bien des qualités mais aussi quelques défauts, qui empêche le film d'être le chef d'oeuvre annoncé. Le scénario prometteur au début s'étiole progressivement. Les aventures de Malik deviennent confuses et longuettes (le film dure 2h28, mais paraît en durer plus de 3), plusieurs des personnages semblant conduire les intrigues secondaires dans des culs de sac.
Surtout on ne sent pas réellement les raisons de l'ascension de Malik. Si son emprise progressive sur les Corses est clairement montrée, sa légitimité vis à vis du groupe des barbus reste obscure (ils passent de la défiance à la soumission sans qu'on comprenne vraiment pourquoi). Son aspect "prophétique" est anecdotique (il voit une biche traverser la route avant qu'elle le fasse) et le titre est un peu mensonger de ce point de vue. Certains tics de mise en scène agacent aussi (les écritures sur l'écran, les plans de remplissage, les images très sombres).
Un prophète est un film marquant, mais sur lequel plane l'ombre d'un autre grand film carcéral : Hunger. D'autres billets sur Christoblog : http://chris666.blogs.allocine.fr/
Plusieurs fois récompensé (comme "De rouille et d'os" 2.5* - 2012), "Un prophète" est un drame noir de Jacques Audiard au rythme lent et à l'ambiance glauque. Contrairement à l'absence de récompenses pour "Dheepan" (pourtant 8 fois nominé au Festival de Cannes 2015 et 9 fois nominé aux César 2016) "Un prophète" est un film aux 9 césars qui m'a déçu ; me paraissant long et austère, un Drame aussi démoralisant qu'ennuyeux. Si la mise en scène est précise et sans concession, le scénario se révèle ultra violent. Il nous décrit le milieu carcéral avec ses trafics, les combines, les complicités avec les gardiens, les luttes d'influence et les protections. Les excellents acteurs, que sont Niels Arestrup et Tahar Rahim sauvent le fil de l'embêtement.
Grand Prix au Festival de Cannes 2009, "Un prophète" est avant tout une démonstration de force inaboutie. Une fois passée une première demi-heure forte et intense, qui réalise une plongée ultra-réaliste dans l'univers carcéral, le film ne parvient plus à monter en puissance mais, au contraire, décélère lentement, la faute à un scénario qui présente un intérêt limité et à une mise en scène parfois efficace mais qui fonctionne le plus souvent à l'épate. Je ne vois à la fois aucune progression dramatique de l'action et du personnage parce que leur approche reste trop superficielle, un manque d’incarnation qui tente d'être compensé par une réalisation coup-de-poing qui rêve de ses grands modèles américains (Scorsese cité à n'en plus finir) mais qui ne les atteint jamais. "Un prophète" souffre donc du décalage entre ce qu'il veut être et ce qu'il est, comme en témoigne cette fausse bonne idée de créer des arrêts sur image pour présenter les personnages, d'utiliser incessamment des musiques américaines ou d'instaurer une dose de surnaturel absolument ridicule. Que ce soit le fantôme de la victime de Malik (Tahar Rahim extraordinaire) qui apparaît régulièrement ou la désastreuse et prétentieuse "scène de la biche", ces moments qui tentent d'échapper au naturalisme sont beaucoup trop superficiels pour présenter un quelconque intérêt. Le rythme soutenu permet au moins de ne pas trop s'ennuyer mais il n'empêche que le sentiment de se trouver devant un objet obèse qui traîne comme un boulet ses effets de style persiste. Non, Jacques Audiard est loin d'être le plus grand cinéaste français actuel !
Film d'une grande intelligence, brutal et contrasté, écrit et mis en scène avec une maîtrise impressionnante, "Un prophète" est servi par une interprétation renversante de Niels Arestrup et Tahar Rahim
Dans la famille Audiard je demande le fils, Jacques... Ce réalisateur de talent n'a strictement rien à envier à l'immense talent de son père et, bien que peu nombreuses, ses œuvres sont régulièrement récompensées, tant en France qu'à l'étranger. « Un prophète » ne fait pas exception et l'histoire de ce jeune homme de 19 ans, incarcéré en Centrale pour 6 ans, obtiendra le grand prix du festival de Cannes et pas moins de 9 Césars dont celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur... C'est donc peu dire que le film a rencontré un immense succès, tant critique que populaire. Cet accueil triomphal est d'ailleurs largement mérité tant les qualités de ce 5ème long métrage sont nombreuses. L'univers carcéral y est reproduit avec une efficacité et un réalisme hors du commun, tout comme les relations entre prisonniers et les luttes d'influence qui règnent au sein des prisons. Pendant 2h30, on est plongé dans cet enfer de béton, cruel et oppressant ; Le côté immersif est encore accentué par la qualité de l'interprétation ; Tous les acteurs sont parfaits, mais le jeune Tahar Rahim crève littéralement l'écran. Sa prestation, toute en nuance et en sincérité, lui permet de faire un doublé historique aux Césars en remportant conjointement les titres de meilleur acteur et de meilleur espoir masculin.
Waouh ! Des films qui savent monter en puissance comme ceux là, moi, j’en veux tous les jours ! Allant chercher son personnage là où il se trouve – au fond du trou – ce "Prophète" commence par nous faire un petit peu peur tant il nous la joue cinéma à la limite de l’anti-art : réalisation minimaliste, cadre douteux, jusqu’au misérabilisme outrancier qui fait le fond de commerce des Dardenne… Là déjà, le spectre du miteux "Hungry" se laisse entrevoir et on sent l’ennui pointer. Mais voilà… De l’autre côté de la caméra il y a Jacques Audiard, et très vite la réalisation sait se mettre au diapason de son personnage. Une demi-heure à attendre seulement et le film s’emballe enfin. Soudainement, au milieu de cette bouillie dardiennienne, une véritable intrigue se pose, des personnages forts et subtils se dessinent, des cadres cinglants viennent saisir l’esprit… En un mot un monde se créer. La voilà la prophétie d’Audiard : créer de l’art au milieu de l’apathie cinématographique ambiante. Voilà un film qui n’a pas peur de créer des moments d’onirisme au milieu du pire, qui n’a pas peur des artifices plastiques et musicaux pour transcender son récit. Et c’est cela le vrai cinéma : le cinéma qui cherche à faire vibrer ! Et ce vrai cinéma se ressent au plaisir qu’il suscite. Oui, on pénètre cet univers ; on dévore ses personnages (Tahar Rahim et Niels Arestrup : sublimes !) et on se passionne de ses relations de plus en plus ambiguës et riches de sens. Voilà un grand film comme on les aime ! C’est des films qui savent nous travailler au corps et nous enivrer par leur rythme et leur science de la mise en artifice qu’il nous faut ! Ce « prophète » le fait avec génie, et on ne peut se prosterner devant lui pour la qualité du spectacle qu’il nous a fourni. Nul doute là-dessus : le chantre du beau cinéma ne s’est pas laissé prendre par les mauvaises modes du moment : Jacques Audiard est bien encore là pour nous servir un nouveau chef d’œuvre qu’il serait bien malheureux d’ignorer…
Loin de le rendre sombre et oppressant, Jacques Audiard décrit le monde carcéral de façon totalement libre dans "Un prophète". Il en résulte un film d'une énergie folle, représentant l'ascension d'un jeune délinquant illettré sans misérabilisme mais avec passion. Tahar Rahim incarne ce personnage avec un mélange de naïveté et de détermination qui en fait un individu auquel on s'identifie assez facilement. Il est particulièrement impressionnant lors des scènes d'illuminations prophétiques, pendant lesquelles le monde intérieur qu'il essaye autrement de dissimuler déborde de son regard pour envahir l'écran. Ses visions de Reyeb prolongent ce mouvement en renforçant l'ancrage dans le fantastique. De cette façon, si la prison semble bien un monde clos, il n'est en aucun cas repoussant. Les flammes s'échappant des fenêtres après le premier meurtre forment ainsi une image poétique forte prouvant que la beauté existe aussi dans les lieux les plus sordides. Le grand attrait du film provient bien sûr de la relation qui se crée entre Malik et César, magistralement interprété par Niels Arestrup. Là aussi, quelque chose de très fort se crée, esquissant une théorie des rapports entre maître et serviteur. C'est ainsi qu'"Un prophète" se démarque de la plupart des films naturalistes français de cette manière, grâce à l’émotion qu'il procure et à la réflexion qu'il suscite.
Formidable. Maitrisé, intelligent, percutant, passionnant. Cette plongée dans l'univers carcéral nous laisse captivé et tremblant. Merci pour ce film qui restera.
Un prophète. C’est comme cela que je parlais de Jacques Audiard, génial réalisateur de UN HEROS TRES DISCRET et SUR ME LEVRES. Et il a fallu que son dernier film, drôle d’animal, tombe sur l’écran-vitre pour que je revienne sur ma parole (sainte ?). Reprenons la phrase de Cecil B de Mill en la transformant un peu : du Coran, du sexe et du sang. Certes, c’est un film « de genre ». Ce n’est absolument pas ce qui me dérange, car on ne peut pas dire que SUR MES LEVRES était une douce comédie romantique. Ce qui ne me plaît pas, dans UN PROPHETE, c’est la volonté de capter le réel avec tant d’artificialité. L’omniprésence de la musique enlève toute force au son très travaillé. L’effet « image arrêtée », accompagné d’un titre est d’abord drôle. Puis, au bout de son dixième usage, on se lasse, et on commence que ça commence à devenir un film de frimeur. Oui, c’est ça. De la frime. On nous en jette plein les yeux. C’est sale, c’est violent, mais on tente en vain de nous éblouir avec ça. Je veux bien croire que la prison forme des criminels endurcis. Néanmoins, était-ce nécessaire de la présenter comme le lieu de tous les possibles ? On y fume allègrement de l’herbe, et on peut même y installer un lecteur DVD. Ce genre de morale un peu limite (pas besoin de formation pour s’en sortir, vive les réseaux carcéraux, l’administration vous trouve un boulot….) ne dérangerait pas si le thème de l’éducation n’avait pas été traité, puis subitement écarté. Le rapport à l’écriture, au savoir, guidait le film d’une nouvelle manière ; un intérêt nouveau lui donnait du souffle, et puis…plus rien…était-ce pour s’assurer le prix de l’Education nationale ? Je ne sais pas. Car oui, le film part comme une belle promesse. Le sujet est dense, et passionnant ; mais tout est survolé, au profit de scènes qui fédèreront le plus grand nombre. L’acteur principal est convaincant ; c’est un fait. Mais son personnage est peu construit. La complexité ne fait pas partie de ce bas monde. Seules les histoir
C'est long, long, très long, terriblement long, terriblement très long ! Bref, vous l'avez compris, je n'ai absolument pas été emballé par ce navet des plus navrants... Certains (probablement des socialo-communistes nourris à la sauce Rue89), y verront-ils une fable contemporaine dans laquelle le milieu carcéral relève toutes ses ambiguïtés sociales ainsi que les dures réalités de la vie quotidienne d'un pauvre détenu lambda qui mange du saucisson (dixit Rue 89 !!!), mais bon... Après tout le bruit que l'on nous a fait manger ses dernières années, je dois dire que la soupe est on ne peut plus amère ! Circulez, il n'y a rien à voir !
Regarde les hommes tomber, Un héros très discret, Sur mes lèvres, De battre mon coeur s'est arrêté, Un prophète. La filmographie de Jacques Audiard est éloquente : non seulement elle est impeccable mais elle traduit une montée en puissance qui le place incontestablement aujourd'hui au sommet des cinéastes français. Un prophète est un aboutissement, un film de prison, soit, mais qui raconte avant tout une ascension sociale, lente et implacable. D'une noirceur sans nom, le film est d'une intensité invraisemblable et, pour montrer cette jungle humaine, la mise en scène d'Audiard s'est épurée à la manière d'un Jacques Becker ou d'un Melville (avec la virtuosité d'un Scorsese dans les scènes de violence). Une oeuvre dense (avec les loups), qui s'offre des embardées oniriques somptueuses (les cerfs) et qui s'inscrit instantanément au fronton des plus grandes réussites du cinéma français, toutes époques et tous genres confondus. Respect.
A son arrivée en prison, Malik, à peine majeur et analphabète, entre malgré lui au service de César, chef mafieux corse respecté. Mais au fur et à mesure de ces six années de détention, Malik se trouve et se construit sa propre place.
Adepte d'une réalisation subtile, sans fioritures, Audiard s'en est enfin vu récompensé au dernier festival de Cannes. Lauréat du Grand Prix, le cinéaste français a bien mérité cet honneur. Sa sincérité transparaissant à chaque instant à l'écran et son aptitude à trouver des acteurs capables de se surpasser émotionnellement en font un réalisateur indispensable au cinéma français. Une Palme d'Or n'aurait pas été de trop. Souvent décrit comme un film dur, "Un prophète" ne regorge pas non plus de scènes chocs. En matière de trash et de gore, on a vu pire. Mais finalement, il mérite bien ce qualificatif. Car tel un oisillon tombé de son nid, Malik, jeune homme seule et apeuré, se retrouve malgré lui entre les griffes acérées de César, rapace féroce et sans scrupules. Niels Arestrup, absolument terrifiant, est impeccable dans la peau de ce chef mafieux corse usant de la supposée faiblesse de Malik. Supposée car derrière son analphabétisme se cache une volonté, une patience, et finalement une intelligence naturelle sans pareilles. Prenant son temps, s'éduquant, utilisant toutes les ressources mises à sa disposition, l'élève finit par dépasser le maître. L'ado terrifié du début déploie ses ailes au contact de l'âpreté même de la vie. "Un prophète" n'est pas un film sur la prison mais un film sur une naissance. Celle d'un jeune homme que la vie maltraite et qui finit par prendre sa revanche. Peu importe les moyens mis en oeuvre. Mais l'ascension de Malik n'aurait pas été aussi incroyable si Tahar Rahim ne lui avait pas prêté ses traits. Acteur inconnu quasi inexpérimenté, il se plante devant Arestrup et ses quarante ans de métier tel un David face à Goliath et lui donnerait presque une leçon. Il a tout simplement le métier dans le sang.
Un film qui prend aux tripes grâce à un traitement quasi-documentaire mais paradoxalement, cette mise en scène super réaliste nous offre un style froid et aseptisé qui nous empêche de rentrer complètement dans le film. Bravo tout de même au réalisateur et au scénariste pour le fait de respecter la sordide réalité de l'histoire sans vouloir ajouter un brin de bonheur, le film n'en est que plus efficace et réaliste. Tahar Rahim se révèle être un très bon acteur face à Niels Arestrup, excellent dans son rôle de gangster corse sur le déclin. Pour moi, loin d'être un des meilleurs films de l'année mais une bonne gifle cinématographique quand même.