Cronenberg arrive décidemment à faire beaucoup de choses tout en restant apprécié par une grande base de fans : au départ inventeur d'un genre à part né de sa passion les noirceurs de la peau humaine, l'horreur corporelle, montrant souvent la transformation ou même la mutation physique d'un personnage ou de plusieurs, qui, souvent pour une raison psychologique ou addictive (Crash montre des personnages qui ne trouvent le plaisir maximal que dans des accidents de voiture, Existenz montre lui l'addiction aux jeux vidéos qui, ceux-ci devenant de plus en plus réels et permettant de commettre n'importe quel crime, va devenir dangereuse, tandis Le Festin Nu aborde les méfaits, sur la personnalité et le corps, de la drogue à travers un délire hallucinatoire trash...etc.), finissent par se ronger eux même (ou par leurs mals et leurs addictions) de l'intérieur comme de l'extérieur, un genre qu'il fit vibrer dans des longs-métrages gores et souvent plutôt délirants qui a fit frémir autant les fans de films gores que les cinéphiles, Cronenberg montre une fois pour toute avec Les Promesses De L'Ombre que son style a grandement évolué, et le film fait partie du même groupe que Spider, A History Of Violence ou le très récent A Dangerous Method, des films plus grand public que La Mouche ou Videodrome, mais toujours aussi Cronenbien. Comme A History Of Violence, Les Promesses De L'ombre s'intéresse aux méandres du passé de personnage dont l'identité n'est cette fois pas mis en doute, tout en nous offrant une fantastique plongée réaliste dans la mafia russe de Londres, où une sage-femme boulversée par la mort d'une jeune russe alors qu'elle accouchait dans l'urgence d'une petite fille, qui va sans se douter du danger de ce qu'elle fait, faire traduire son journal intime trouvé dans son sac à main par le chef d'un restaurant qui se révèlera être le chef d'une famille mafieuse quelque peu gênée par les informations qu'il contient. A partir de ce point de départ David Cronenberg nous livre un scénario aussi simple en apparence (mise en scène non trafiquée, rebondissements peu nombreux) que complexe et incroyablement intense dans le fond, arrivant à certains moments d'anthologie, ces moments où on reconnaît que Cronenberg est derrière tout ça, notamment dans certaines explosions de violence mémorable, le film arrivant à son apogée dans un combat âpre et violent où Viggo Mortensen, le meilleur interprète ainsi que le meilleur personnage du film, prouve en tenue d'adam qu'il a des couilles (au sens figuré comme au sens propre), et, pour tout dire, l'on n'ose même pas imaginer le tournage de la fameuse scène pour des raisons valables que vous devinerez dès que vous la verrez. Si Viggo Mortensen a un personnage très intéressant et presque attachant tant il est charismatique, on ne peut pas en dire autant de Naomi Watts un peu trop neutre et pas assez importante dans le film, elle arrive même à avoir moins de place dans l'intrigue que la fille russe morte au début du film, un fait aussi contradictoire que vrai... Pour continuer dans les acteurs on a notre Vincent Cassel national qui joue (encore une fois j'ai envie de dire) une petite brute à l'accent russe trop accentué pour être vraiment pris au sérieux avec certaines répliques, il se fait presque écraser par Mortensen mais arrive à assurer son rôle sans trop de problème. Bref, quelques défauts pour ces Promesses De L'ombre, mais en général un film tout simplement excellent, passionnant et violent, dont certaines scènes risquent d'entrer dans les annales des années 2000... Et quelle baston...