Olàlà, Murphy continue dans la comédie SF après Pluto Nash ?! Bon, il faut être honnête Appelez-moi Dave est vraiment un film fade, gentillet, surement plaisant pour les enfants, mais quand même, là on tombe dans le minimal.
Coté casting Eddie Murphy ne sait plus jouer, mais il surjoue tout le temps. Il en fait des caisses. Alors certes ce n’est pas nouveau, mais là il atteint des sommets, et en plus dans un double rôle. Il n’y a plus de variété dans son jeu, il se contente toujours des mêmes mimiques, et même s’il transmet toujours indéniablement son capital sympathie ici, il est plus lourdingue que drôle. Il n’arrive pas à faire passer les sentiments divers qui agitent son personnage, il se cantonne continuellement à sourire benoitement en s’amusant visiblement, mais en offrant quand même le minimum de ce qu’il sait faire. A ses cotés heureusement il y a quelques bonnes surprises. Elizabeth Banks malgré un personnage très fade parvient à offrir un peu de profondeur au film. On sent qu’elle s’installe dans un film pour la jeunesse, mais elle apporte un peu du relief qui manque cruellement à Murphy. Gabrielle Union est convenable, sans être elle non plus très surprenante, et elle s’accommode quand même pas mal d’un personnage encore plus vide que celui de Banks. Certains seconds rôles sont relativement amusants, notamment le duo de flic qui doit beaucoup à Scott Caan.
Le scénario est totalement creux. En fait l’histoire est simplement prétexte à une série de gag assez convenus sur la rencontre extraterrestres-humains. Il y a beaucoup de déjà vu, c’est souvent très basique et minimaliste. Alors certes c’est parfois assez amusant, et même vu mille fois il y a des gags qui feront toujours rire, mais le souci c’est qu’en plus tout le reste est vide aussi. Outre l’histoire mise au rebut, tout ce qui pourrait être intéressant, qui pourrait apporter un peu de sentiments, de relief au film, même si parfois ca peut-être bateau, et bien là est simplement supprimer. On avance en fait sur une accumulation de gags innocents et enfantins, et à l’efficacité inégale, pour déboucher sur une conclusion sans surprise et tout de même très balourde.
Coté réalisation c’est à l’image du reste, fadasse. Brian Robbins a une filmographie qui ne plaide pas vraiment en sa faveur, et même s’il se trouve ici plutôt dans son domaine, on ne peut pas dire qu’il frappe fort. C’est d’un classicisme impressionnant. Lisse, très propret certes (il n’y a en effet pas de gros défauts techniques), mais il reprend des codes usés jusqu’à la moelle (le coup de la bouche ou de la tasse de café c’est du cliché en barre). Il pompe allégrement sur ce qu’on fait ses prédécesseur sur Chéri j’ai rétréci les gosses ou L’Aventure Intérieure, il badigeonne le tout d’un petit coté studio Pixar lors de certaines séquences, et pof, voilà un pur produit mécanique et trop bien huilé. Les décors et la photographie sont honorables, sans plus. Sans plus à cause de plans en images de synthèse qui ne sont pas d’un effet génial, et aussi pour la « bête » en question, dont on ne verra grosso-modo qu’un cockpit et quelques couloirs. C’est très minimaliste alors qu’avec le budget je pense que l’équipe pouvait se lâcher. Les effets spéciaux sont donc inégaux. Plutôt réussis pour les lilliputiens, avec quelques scènes qui offrent un bon rendu, et pour quelques séquences d’action, les décors et certains passages (en sortant de la bouche à la fin par exemple) sont pour leur part décevants et artificiels. Je conclurai avec la bande son, largement sous-utilisée. Honnêtement on voit les lilliputiens danser souvent, se faire plaisir avec la musique terrienne, le film aurait pu balancer un peu plus de son, c’était l’occasion.
Au final Appelez-moi Dave n’est pas infâme. Je pense que les jeunes enfants pourront aimer, et les adultes n’auront même pas besoin de surveiller car ce film est vraiment inoffensif. Mais son problème majeur, outre des défauts tout de même bien appuyer, c’est qu’il est l’exemple même du film quelconque. Tout est déjà vu ailleurs en mieux, il ne fait jamais de vague, il ne cherche jamais à proposer un poil d’originalité, c’est un produit plus que calibré qui ne s’évade jamais hors des sentiers battus pour essayer d’atteindre un minimum de personnalité. Cela lui retire beaucoup de poésie, toute sa profondeur. C’est dommage, surtout avec un budget de 60 millions!