Persépolis, 2007, de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud, avec les voix de Danièle Darrieux, Catherine Deneuve, Chiara Mastroiani et Marjane Satrapi. Excellent film d’animation, aux superbes dessins très épurés, tout en noir et blanc, au réalisme stylisé, qui peuvent virer à l’onirisme. Beaucoup de gags visuels et de clins d’œil (L’adolescente se transformant en tableau de Picasso, des envolées type Petit Prince ou Jean-Michel Folon, le « Cri » de Münch…). Marjane raconte sa vie, depuis son enfance intrépide dans une famille cultivée, libérale, de l’Iran impérial, jusqu’à son arrivée en France. L’épopée couvre 30 années d’Histoire (La chute du Shah, la République islamique, la Guerre avec l’Irak) et 30 années d’histoires autobiographiques (ou autofictionnelles ?), avec, notamment, la période initiatique, lorsque la jeune fille est envoyée en exil en Autriche. L’humour est partout, dans les dessins, les dialogues, les personnages, les regards portés sur les réalités, les bonheurs ou les souffrances. Nombreux morceaux de bravoure, comme la scène des étudiantes en art, couvertes de leur burka, qui peignent un modèle, couvert de sa burka, ou les réunions de la jeunesse dorée viennoise, avec ses états d’âme existentiels bidon. La beauté de l’œuvre, sa sincérité, à la fois pédagogique et militante, lui confère un intérêt universel, bien au-delà de l’histoire d’une vie déjà passionnante en soi et bouleversante. Prix du Jury à Cannes, bien mérité.