Quelle belle surprise ce PEUR[S] DU NOIR ! Son point fort, sans même parler de ses qualités graphiques et/ou scénaristiques, c'est la cohérence qui est apportée à l’ensemble des récits qui sont ici entrelacés. Que ce soit la peur de l’autre, de soi, ou bien la part animale prête à surgir des rêves qui se transforment en cauchemars : on constate que cette peur du noir est toujours liée à l’enfance et à sa faculté d’imagination et de création.
De Charles Burns, et son univers fantastique qui nous fait penser à celui des premiers Cronenberg, à Marie Caillou, qui a trouvé une formidable source d'inspiration dans les films tels RING ou DARK WATER (entendons-nous bien : pas les remakes américains insipides, mais les originaux bien sûr, si besoin est de le préciser) dans lesquels des enfants sont confrontés au surnaturel, en passant par Blutch, et ses chiens terrifiants qui attaquent les pauvres gens sans défense - peut-être le court le plus effrayant de tous -, en passant par Lorenzo Mattotti, sa poésie funèbre et ses tons sépias, et enfin par Richard McGuire, qui nous montre les sentiments de claustrophobie et de folie qui peuvent nous envahir quand, enfermés dans une armoire, on se met à paniquer, tous réussissent leur pari : emmener le public au pays de l’angoisse et lui offrir le lot de frissons qu'il est venu chercher.
Ainsi, après l'excellent PERSEPOLIS - le meilleur film d'animation qu'on ait vu sur grand écran en 2007 ! - et dans un genre vraiment tout autre, PEUR[S] DU NOIR s'impose comme la nouvelle pépite animée à déguster sans modération et à conseiller aux amateurs du genre autant qu'aux novices curieux de nouvelles expériences visuelles (et sonores - la musique angoissante, également, fait son effet). Du grand art, tout simplement !
En bref : si vous avez envie de prendre votre pied, vous savez ce qu'il vous faut aller voir dans les salles obscures cette semaine. :)