On savait que les Anglais navaient pas toujours été des tendres façon Jane Austen. Et après trente minutes, nous voici servis : faciès enfoncés, baves sanguinolentes, tortures de toutes espèces. Côté irlandais, on tue les traîtres, sans procès, en versant pas mal de larmes sur ses copains denfance, mais sans trop se poser de questions Mais bon on nest pas venu à une partie de plaisir : cest un film de Ken Loach après tout, et il a bien fallu les mettre dehors, ces Anglais, non ?
Mais voilà quon se retrouve dans la salle dun tribunal républicain, dans une petite ville libérée par les nationalistes. Un épicier se plaint dune cliente qui lui doit tant et tant, réclame avec les intérêts une somme énorme. Le tribunal, indigné, condamne lépicier à une amende. Mais les combattants qui assistent au procès sont furieux : l'épicier est un généreux donateur, ils ont besoin de lui pour acheter des armes.
Ça y est, on est en plein dans le Ken Loach porte-étendard, et ça claque ! Que vaut la guerre si cest pour quil y ait des riches comme avant ?
Largument fait un peu cours déducation civique
Mais surtout tout dans le récit commence à se déglinguer : les épisodes senchaînent sans cohérence, le lien avec la grande histoire est maladroit, les décors, les habits, paraissent trop léchés, écomusée de pacotille.
Et revoilà avec la paix de 1921 les discours enfantins ! Mais rien pour rappeler que ce sont ceux qui lont signée, ceux qui ont fait confiance aux Anglais, qui ont eu raison. Les autres se sont obstinés à se battre, nont pas compris que le statut de dominion, comme au Canada ou en Australie, valait quasi-indépendance : ils ont fait couler le sang pour rien. Cest ça le vrai tragique, et que Ken Loach, tout à son souci de garder léquilibre entre ses deux héros, le social et le bourgeois, sest bien gardé de nous dire ! Mais bon : il a fait My name is Joe, Bread and Roses
: cest lessentiel !