Ouïe, Reign in Darkness n’a pas volé sa réputation de bien mauvais film.
Au niveau des acteurs d’abord c’est franchement très médiocre. Même l’acteur-réalisateur principal, à savoir Kelly Dolen n’est pas convaincant, et cela donne forcément à imaginer ce que peuvent être les seconds rôles ! Il n’y a simplement aucune direction d’acteur, alors étant donné qu’en plus on n’a pas ici des pointures, et que de surcroit les personnages ne valent pas un kopeck, le résultat atteint quand même des sommets de nanardise. A cela s’ajoute un très gros manque de charisme des protagonistes, et des dialogues niais qui ne peuvent guère leur permettre de se rattraper. Franchement c’est un très mauvais point, d’autant que l’on ne sent même pas la conviction poindre derrière les maladresses.
Le scénario est très plat. Le début est classique, mais laisse imaginer un métrage pas désagréable, ensuite malheureusement l’histoire s’enlise complètement. C’est ultra-répétitif, tout s’enchaine mollement sans travail de transition, les clichés s’accumulent, et de surcroit le film se prend très au sérieux. En fait son souci c’est qu’il a vraiment le sentiment de proposé un truc qui n’a rien à envier aux grosses productions hollywoodiennes qu’il plagie allégrement, et il se vautre d’autant plus, alors que s’il avait pris le chemin du second degré, voir de la comédie, il aurait été beaucoup plus digeste.
Coté mise en scène ce n’est pas suffisant, même pour un film semi-amateur. Il y a quelques bonnes idées, je ne dis pas, mais l’énorme problème c’est que tout est beaucoup trop figé. Le réalisateur n’est jamais en adéquation avec l’action, et il glisse ainsi dix secondes de pauses des acteurs avant un combat, une séquence de pause dont on sent clairement qu’elle n’était pas voulue. Par ailleurs il abuse énormément des effets de style hérité sans doute de Matrix, il bourre toutes les scènes d’action de ralenti, alors déjà qu’elles ne sont pas des plus décapantes, ca ne fait que les ramollir et les affadir. Coté photographie un effort louable a été effet. C’est ce qui m’a le plus séduit dans ce film. Le réalisateur fait un choix original par rapport aux films de vampires habituels, puisqu’il surexpose au contraire son image, donnant une lumière ultra-crue très éloignée des ambiances nocturnes habituelles. Ca pique les yeux parfois, mais, avec les décors, cela plonge Reign in Darkness dans une sorte d’ambiance post-apocalyptique froide plutôt sympathique. Les décors en effet sont ceux d’une mégalopole aux architectures linéaires et froides, et ils ont un assez bon rendu, en dépit de quelques passages plus faibles qui laisse à penser que le rendu devait presque plus relever de l’accident que de la vraie volonté esthétique du réalisateur. Quelques effets violents parsèment le film. Rien de très mémorable, mais bon, ca l’agrémente de manière pas trop désagréable. Enfin la bande son est plutôt plaisante, mais très discrète. Le début sur une musique planante donne une belle ambiance rétro, d’autant plus avec cette vue de skyline urbain, qui rappelle étonnamment quelques bons vieux films des années 80.
En fait le gros souci de ce Reign in Darkness ne vient pas tant de son esthétique, pauvre et dépouillée, certes, mais ce qui le sert à mon sens plus qu’elle ne le dessert, non, le vrai souci c’est tout le reste. Il a de très gros points faibles, des abîmes mêmes, si l’on s’attarde sur les acteurs et la mise en scène. L’histoire est brinquebalante, et franchement même en étant très gentil je ne peux pas dire que les quelques bonnes choses que j’ai pu citer suffisent à rattraper ses handicaps trop marqués. J’accorde 1 pour cela. Très dispensable cependant, même si c’est loin d’être le pire film que j’ai pu voir.