Dans cet exercice tortueux et qui nous réserve, longtemps après sa projection, bien des mystères, Peter Greenaway tente d'éclarcir les énigmes de Rembrandt, notamment dans l'un de ses chefs-d'oeuvre, la si connue "Ronde de nuit". Le sujet était passionnant, puisqu'il était question de décrypter un meurtre dans le tableau, dissimulé avec toute la subtilité qu'il fallait. Mais malheureusement, Greenaway, à trop vouloir se démarquer en matière de film historique, de thriller et de cinéma tout court, signe une oeuvre incompréhensible, et certainement peu comprise par elle-même. Il faut évidemment reconnaître au cinéaste de savoir faire de l'image un écrin magnifique à son réçit, une ronde de nuit qui agirait secrètement, perçé par des clairs-obscurs magiques qui vont encore plus loin que tout ce que le cinéma a pu donner. Dans une atmosphère inexplicable, horrifiante, malsaine presque, le cinéaste nous replonge dans un siècle de machinations, en théâtralisant sa vision. Ce qui donne un hors-temps si particulier, quasiment jamais vu auparavant, fascinant dans la mesure où il tend à malmener son réçit et à couper (trop) soudainement les ficelles narratives. Puis il y a l'inoubliable musique de Wlodzimierz Pawlik, qui pétrifie dans un temps étranger, venu d'ailleurs, l'image déjà si hallucinante de Reinier Van Brummelen. Rien que par l'esthétique (maquillages, costumes, décors, éclairages, tout est magnifique), et la musique (de style classique mais laissant filtrer de très légères touches dissonnantes et des effets de cordes spectaculaires), on aurait envie de crier au chef-d'oeuvre. De dire au monde entier que c'est un cinéma de l'ailleurs, un cinéma qui semble tout droit sorti de cette époque dont on ne sait finalement que si peu de choses. Une oeuvre picturale, à l'aune du diaporama de tableaux divers, repoussant les limites esthétiques du cinéma, et réépousant sobrement les formes peintes et les formes photographiées dans l'obscurité ; le résultat est au-delà de la ma