Ne nous en cachons pas, le film est spécial, spécial à cause de (ou grâce à, plutôt) ce qu'il montre, c'est à dire l'acte sexuel non simulé, les parties génitales clairement exposées. Vous pouvez alors dire avec effroi : "Mais c'est un porno !". Eh bien pas du tout. Le réalisateur souhaitait faire un film sur le sexe, et il a fait un film SUR le sexe, et non un film DE sexe. Le specateur parvient à assumer son rôle de voyeur, et réussit alors à assimiler l'esprit du film car, comme le dit Justin Bond, être voyeur, c'est aussi participer ! Et même si ces scènes peuvent choquer, elles finissent par se fondre dans le film pour ne plus en former qu'un élément parmi d'autres.
Ici, l'explicite ne peut que désservir le déroulement de l'histoire et nous donne une sensation d'intimité avec les personnages que l'on semble alors connaître vraiment, et leur assure une dimension de profondeur. Ces protagonistes trouvent communément leur point de rencontre dans une sorte de boîte de nuit échangiste, toujours intriguante et chaleureuse, jamais glauque, où toutes populations se mêlent, et où un lien complexe se crée entre les visiteurs, parfois étranges, mais sachant associer le sexe avec l'art, la culture, et même la politique. Ce lieu, coeur même du film, est totalement à part dans un New York où la vie semble difficile, "la faute à l'après 11/09 et aux années Bush" (J.C. Mitchell).
Le film peut aussi se présenter sous forme d'une quête d'un trio de personnages, quête de l'épanouissement sexuel, mais aussi recherche de leur "moi profond", approche peut être d'une stabilité psychologique.
Un thème traité avec humour, émotion et humanité, une vision touchante et juste de la sexualité, un regard proche des personnages, un récit naturel et fluide, des acteurs incroyables et un réalisateur de talent offrent une oeuvre de qualité, que chacun interprète à sa manière mais qui surtout apporte un grand bol de fraicheur dans le cinéma, tout en le "dépucelant" avec douceur et affection!