Étrange premier long-métrage d’un couple franco-géorgien (lui, français, elle, géorgienne), qu’on aurait voulu aimer, malheureusement c’est impossible, tant ses deux versants sont mal assemblés : comme l’huile et l’eau, ils ne se mélangent pas.
À Tbilissi, capitale de la Géorgie, c’est déjà la crise économique qui suit la nouvelle indépendance du 9 avril 1991, et une forme de guerre civile. Giorgi est censé avoir seize ou dix-sept ans (mais l’interprète en a visiblement beaucoup plus !), il est plutôt influencé par les films de gangsters venus d’outre-Atlantique naguère interdits dans l’ancien Empire soviétique, et il plonge dans un début de délinquance en faisant du marché noir, car la ville manque de tout. Il n’y a pas de père à la maison, mais il y a un petit frère, Datuna, qu’il adore, qui a une douzaine d’années, et qui joue extrêmement bien du piano. Giorgi veut le protéger, ce qui semble plus facile qu’on le croit, car l’enfant ne s’intéresse qu’à cela (il écoute sans cesse la Sonate N° 17 de Beethoven, jouée par Glenn Gould, interprète dont la photo surmonte son lit !).
Il faut avouer qu’on s’intéresse assez peu à ce Giorgi, et beaucoup plus à Datuna, dont l’interprète, Zuka Tsirekidze, n’est pas seulement bon acteur, mais il joue également très bien du piano, sans être le moins du monde doublé, ce qui est confirmé par le générique de fin, et ce qui se voit si on connaît un peu la question : tant d’acteurs sont ridicules lorsqu’ils font semblant de jouer du piano !
Néanmoins, on ne peut s’empêcher de se demander comment une famille qui n’est pas aisée peut offrir un piano à queue à un enfant, et pourquoi on prétend que le piano livré a « neuf octaves », donc 109 touches, quand les pianos modernes n’ont que sept octaves et une tierce mineure, soit 88 touches !
Le film réussit au moins à créer un climat. Mais il échoue à faire comprendre la situation.