L'ambition et la conviction de la cinéaste serait une bonne raison, par rapport à ce qui se fait dans le cinéma français, pour taire les failles de ce film qui se voudrait insondable. Nous pourrions nous satisfaire du simple fait qu'il s'agisse d'un thriller psychologique français. Mais ne soyons pas faux-culs ; "Ne te retourne pas" - et c'est triste à dire - est totalement raté, ou presque. Qu'il s'agisse de la mise en place, qui nous donne un morceau de la fin à prévoir, ou bien des évènements surnaturels qui se produisent (une table a changé de sens, wahou!), le film affiche un manque flagrant d'inspiration. La mise en scène, très concentrée et en même temps totalement superficielle (à l'exception de la maîtrise unique des champs/contrechamps), rend palpable, voire confortable, ce qui est totalement abstrait ; la folie. Dans l'imagerie fantastique que met en place Marina De Van, l'explication vaine et pesante remplace la suggestion et le simple désir de filmer la folie ordinaire. L'esthétique de son film, ses partis pris, ses choix de concentration, sont exactement l'inverse de ce qu'il faut pour créer ambiance, effroi et partage. A force d'utiliser un mobilier quotidien, des visages banals qui s'interchangent toutes les cinq minutes, la folie économe tombe à plat et est remplacée par une débandade d'effets visuels très réussis qui viennent pallier un cruel manque d'idées, voire de talent. Marina De Van charge son film à bloc, en rajoute de plus en plus, jusqu'à ce que la lisibilité en prenne un sérieux coup ; la psychologie qu'elle tente de cerner tourne autour de ce quotidien tout à fait banal qui se déforme en une masse d'incompréhensions. Les personnages, les visages, les corps s'accumulent sans que l'on comprenne pourquoi ; contrairement à Lynch, chez qui la dualité, la multiplicité et l'infinité forment un triangle d'or, Marina De Van pallie platement ses atmosphères (le casino, lieu insolite mêlant le luxe charnel et le cauchemar morbide), fait d'une scène