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Ykarpathakis157
4 561 abonnés
18 103 critiques
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5,0
Publiée le 3 mai 2021
Cette histoire d'évasion des plus puissantes est une merveilleuse exposition des qualités humaines les plus fondamentales, l'ingéniosité et la coopération ainsi que le désir inné de liberté qui donne naissance à ces qualités. Bien que le thème de la transcendance soit certainement présent il est intéressant de noter que la transcendance est ici atteinte par le travail avec d'autres sur une tâche. Les détenus forment une fraternité unique par leur dépendance commune. Cela leur permet d'être dans la prison ce qui est discrètement visible dès les premiers instants du film Le Trou. Nous voyons ce lien de groupe s'approfondir à chaque risque pris à chaque coup de ciseau contre un mur de béton et nous devenons émotionnellement liés à la quête des personnages simplement en observant leurs efforts et il est étonnant de voir à quel point le fait de marteler un mur de béton peut être dramatique. Aucun dialogue n'est nécessaire aucune description de personnages et de leur passé ne vient nous distraire de leur tâche. Les détails de l'évasion sont montrés dans leur intégralité sans qu'aucun détail ne soit laissé sur le plancher de la salle de montage. Le fait de pouvoir voir tous les détails de l'évasion a rendu le film très réaliste à mon avis et donc très agréable à regarder. Ce film traite d'une évasion de prison pas d'un drame ou d'émotions et si seulement plus de films étaient comme celui-ci...
Cinq prisonniers bien élevés cherchent à s’échapper d’un univers carcéral exemplaire. Les détails sont tirés d’une tentative d’évasion réelle vécue par José Giovanni. L’improbable fin arrive à surprendre.
Le film (en noir & blanc) est tiré du (premier) livre éponyme (1957) de José GIOVANNI (34 ans) où il raconte sa tentative d’évasion de la prison de la Santé en 1947 (il était incarcéré en attente de son procès pour complicité d’assassinat). Il a ailleurs participé à l’écriture du scénario. C’est ce qui en fait, avec la reconstitution de la prison en studio et au fort d’Ivry (Val-de-Marne), l’aspect documentaire et réaliste du quotidien des prisonniers (spoiler: fouille minutieuse et humiliante des colis reçus, visites inopinées de surveillants dans la cellule, vol d’affaires personnelles par des plombiers extérieurs, ingéniosité des prisonniers pour fabriquer des objets contondants, un périscope, une clé passe-partout ou un sablier ). Sans oublier que l’un des protagonistes, Roland DARBANT (40 ans, sous le pseudonyme de Jean KERAUDY et qui introduit le film) joue son propre rôle (il a déjà à son actif 3 tentatives d’évasion). Le réalisateur se focalise sur une cellule occupée par 4 personnes (jouées par des comédiens débutants) et à laquelle vient se joindre Claude Gaspard (Marc MICHEL, 31 ans, dont c’est le 3e film), spoiler: orphelin très tôt (mère à sa naissance et père à l’âge de 5 ans dans un accident automobile) et vendeur de voiture et bien éduqué, car sa cellule est en réfection. Il est accusé de tentative de meurtre avec préméditation sur sa femme, plus riche que lui (blessée par le fusil qu’il essayait de détourner de lui) qui l’accusait d’adultère avec sa sœur. Les 4 autres (dont on ignore les motifs de leur incarcération mais qui vont passer en cour d'assises) ont décidé de travailler en mettant en forme des cartons à bouteilles spoiler: (ce qui leur permet de dissimuler l’entrée du trou qu’ils creusent pour s’évader) . José Giovanni est joué par Philippe LEROY-BEAULIEU (30 ans et dont c’est le 2e film) sous le nom de Manu Borelli. Les 2 autres prisonniers, Geo Cassine et Vosselin dit Monseigneur, sont joués respectivement par Michel CONSTANTIN (36 ans et dont c’est le 2e film) et Raymond MEUNIER (40 ans et dont c’est le 8e film).Jacques Becker a fait le choix du réalisme, y compris dans la longueur des scènes (le film dure 2h12 mn tandis que la 1ère version durait 3h30 !), presque filmées en temps réel (telles le creusage du sol de la cellule ou d’un mur longeant un égout). Seule la fin est déroutante, non pas en tant que telle (1 chance sur 2 que l’évasion réussisse) que par l’absence d’explication (qui manque, peut-être, dans le roman) ; ce minimalisme psychologique, qui certes laisse le spectateur à sa propre interprétation, est comme un café amer à la fin d’un excellent repas.
En 1960, Jacques Becker réalise son dernier long-métrage en s’inspirant de faits réels. Il s’agit de la tentative d’évasion de cinq détenus d’une cellule de la prison de la Santé. Ce huis clos bénéficie d’une tension extrême malgré son rythme lent. En effet, le scénario s’attache à montrer tous les détails des préparatifs de cette fuite. C’est minutieux et réaliste, proche du documentaire. L’interprétation des acteurs est également intéressante avec notamment Michel Constantin alors tout jeune inconnu et Jean Keraudy qui interprète son propre personnage. Et comme tout bon film, le final est palpitant. Bref, une œuvre bien maîtrisée.
Je suis scotcher par la mise en scène de Jack Becker sur son film "le Trou" qui se veut tendu et stressant. Cette mise en scène inquiétante nous laisse une pression folle. la seul question que ce film nous pose c'est " Vont ils s'en sortir ? ". Tout les indices laissés au spectateurs sur leurs méthodes d'évasion son là pour nous indiquer que les gens qui sont en face de nous sont des professionnelles et qu'ils sont surtout malin en laissant le moins d'indice possible au gardiens pour que leurs évasions soit une surprise spoiler: mais évidemment ils ont manqués un détails dont ils ne pouvaient rien faire, le nouveau. Malgré sa participation à l'évasion ce retrouve dans une position délicate ou il est plus proche de la liberté qu'il ne le croit. . Pour résumer, un film tendu et stressant la définition d'un film trop injustement oubliés qui doit retrouver la lumière.
Malgré une excellente mise en scène et un intérêt soutenu pour ces préparatifs d'évasion à la tonalité proche d'un documentaire, pourquoi une note si "sévère"? Car j'ai décroché dès lors quespoiler: les coups de marteau sont passés pour des travaux dans la prison aux oreilles des surveillants! Ressenti personnel, assurément, mais profondément dommageable!
Superbement réalisé, on est devant l’un des meilleurs films traitant l'univers carcéral gardant toute sa force pratiquement soixante ans après sa sortie.
« Le trou » sortit quatre semaines après le décès de Jacques Becker. En adaptant à l’écran un roman fondé sur une histoire vraie de José Giovanni, avec lequel il écrivit scénario et dialogues, le cinéaste réalise un film extraordinaire, au sens premier du mot. Peu d’œuvres ont à la fois ce souci de réalisme, cette intensité dramatique et une émotion profondément humaine. Le réalisme est illustré par tous les détails qui tout en distendant le récit offre la gageure de ne générer aucun ennui. Les relations entre les personnages développent empathie et sincérité. Ils sont admirablement interprétés par un trio d’acteur débutant, Michel Constantin, Philippe Leroy et Marc Michel qui deviendront célèbres, auquel s’ajoute Jean Keraudy, vrai taulard et réel auteur du plan d’évasion. Ces qualités, un sens évident de la mise en scène de Becker (éclairage, mouvements de caméra, plans serrés) et le montage au cordeau de Marguerite Renoir (pas une seconde inutile sur les 132 minutes) apportent une intensité nécessaire et par moment éprouvante, renforcée par l’absence de musique. Le risque du procès auquel s’ajoute le côté concentrationnaire et clos de la cellule, allient raison et claustrophobie, rendant évidente la nécessité d’une évasion. Mais c’est aussi le récit d’un intrus qui découvre les vrais hommes et peine à refreiner ses pulsions homosexuelles. La séquence finale est admirable. Jacques Becker laisse un dernier film qui compte parmi les grands chefs d’œuvres du cinéma français. Par la richesse mutifacette, il laisse à distance «Un condamné à mort s'est échappé » (1956) de Robert Bresson, qui impressionnait tant Becker.
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5,0
Publiée le 15 novembre 2018
Le chef d'oeuvre de Jacques Becker et l'adaptation très èpurèe et plus ou moins autobiographique d'un roman de Josè Giovanni interprètèe par des acteurs inconnus ou peu connus à l'èpoque comme Michel Constantin et Philippe Leroy-Beaulieu! Une remarquable ètude de moeurs et de suspense policier sans pareil se dèroulant dans le monde des prisons! Dans "Le trou", Becker traduit mieux que Giovanni lui-même son univers d'angoisse! Ce dernier restant tout de même un romancier talentueux ayant apportè un accent neuf au policier [...] Enfermès à la prison de la Santè, Roland, Geo, Manu et « Monseigneur » cherchent à s'èvader! La prison n'est pas un lieu d'aventures! Voire! Les hommes qui tentent ce qu'on appelle la belle vivent une aventure aussi intense que le cinèphile, minutieusement prèparèe, spoiler: mais qui rate! Rien ne dit que ce quatuor d'acteurs inoubliable ne recommencera pas! Mèditation sur l'amitiè (la vraie) et la trahison (dans ce qu'il y a de plus dègueulasse). "Le trou" clôt brillamment une carrière prèmaturèment interrompue par une mort brutale! Merci Jacques Becker dont le fils Jean ("L'ètè meurtrier") achèvera ce pur joyau du film carcèral...
Le jeu des acteurs, le scénario, le montage, ça n'a pas pris une ride, les idées de mise en scène sont à la fois simples et efficaces (le dernier plan dans le miroir est d'une puissance dingue!). On est immergé presque tout de suite et accroché au moindre détail concret de l'histoire comme si on partageait le même désir de liberté que les personnages. Le côté documentaire et le côté dramatique sont parfaitement imbriqués, l'histoire n'est jamais sacrifiée à une volonté de délivrer un message, mais le film propose au passage une image à la fois amère et nuancée de ce que pouvait être la vie carcérale. Chef d'oeuvre!
Il est des films qu’on ne devrait peut-être pas revoir ! C’est dans le cadre d’un cycle intitulé « Le crépuscule des acteurs » que j’ai revu dans une version restaurée « Le trou » de Jacques Becker sorti en 1960 et donc son dernier film puisqu’il est décédé avant même la sortie en salle de son film. L’introduction reste percutante nous montrant Roland Barbat alias José Giovanni, véritable truand repenti qui a vécu cette histoire d’évasion peu banale de la prison de la santé via les égouts en mai 1947 et qui est l’auteur du roman à la base du film … Mais après le récit est hélas trop linéaire et monotone même martelé par les bruits des portes de prison qu’on ouvre et qu’on ferme. Et si on prend un peu de recul cette histoire pourtant vraie reste fort peu probable : il faut Roland un truand bien au courant des sous-sols de la prison et des égouts... et véritable « Mac Giver » capable de fabriquer très rapidement un petit périscope avec une brosse à dents et un éclat de miroir, une clef passe-partout, un sablier mesurant précisément ½ h … Il faut aussi beaucoup de chances à tous pour accomplir tout ce travail la nuit malgré les rondes, les fouilles des gardiens de prison … mais tout en restant parfaitement frais le matin (malgré la promiscuité de cette petite cellule et tous les efforts physiques pour percer ce tunnel bien rendus à l’écran) mais toujours bien vêtus et aux cheveux bien propres et coiffés ! Le poids de l’univers carcéral est lui parfaitement rendu y compris les « arrangements » avec certains gardiens (cf. la séquence avec les plombiers). Enfin, le contraste entre le caractère trempé de ces 4 truands – joués par des non-comédiens à l’époque (chapeau !) - et celui du « traitre » est trop marqué tant sur le plan que de son parcours que de sa tenue, de sa façon de s’exprimer et on a ainsi peine à comprendre que les 4 comparses de la cellule lui aient révélé si rapidement leur lourd secret ! A noter l’apparition de Paul Préboist dans le rôle cocasse d’un vieux gardien qui lors de sa ronde nuit donne à manger à sa belle, une énorme araignée. Bref, je suis sorti déçu par rapport au souvenir que j’avais de ce film et on est très très loin de toute la finesse du film de Robert Bresson « Un condamné à mort s’est échappé » sorti 4 ans plus tôt et qui lui est magnifique que ce soit sur le plan du cadrage, des noirs et blancs et de la bande son ! Avec « Le trou », on est effectivement très loin du chef-d’œuvre de Jacques Becker - « Casque d’or » (1952) - et de sa participation en tant que 1er assistant réalisateur à des « montagnes » du cinéma français tels que « La grande illusion » ; « Partie de campagne » ou « Boudu sauvé des eaux » … A noter également le décalage entre la bande annonce qui curieusement contient un peu de musique … et le propos même du film !
Le film s’ouvre sur une adresse à la caméra de Roland Barbat, un vrai mécanicien dans la vie, qui a fait douze ans de bagne et qui a réalisé de multiples évasions jusqu’à sa libération en 1956. Il nous dit que l’histoire à laquelle nous allons assister est la sienne et on constate aussitôt que c’est lui qui interprètera son propre rôle. Une tête d’acteur mémorable. Sa présence impose à elle seule une authenticité au film. Sa performance est tout aussi étincelante que ses partenaires qui rendent tous de belle façon les cinq personnages de détenus extrêmement bien dessinés. Les scénarios basés sur des histoires d’évasion partent habituellement gagnants puisque le public demeure suspendu à l’action jusqu’au dénouement. Mais encore faut-il que tout cela soit bien tourné. Jacques Becker y parvient admirablement dans une certaine forme d’intimité, sans grand déploiement. Le pénitencier est dans l’ensemble bien filmé. Les séquences se passant dans le sous-sol et dans le tunnel sont particulièrement réussies si l’on considère que l’éclairage et la prise de son dans ce genre de mise en scène représentent des défis. Avec son film, le réalisateur nous laisse en héritage une leçon de loyauté puisqu’il est décédé une fois le montage terminé. En dénonçant ses codétenus après tous les efforts investis et les conséquences qui suivront, Gaspard commet un acte de lâcheté qui le poursuivra toute sa vie. Ce qui fait conclure à Roland Dabrant : « Pauvre Gaspard! »
Célèbre film d'évasion, Le Trou s'avère efficace et un brin austère, se concentrant sur le projet de fuite de cinq hommes enfermés à la prison de la Santé à la toute fin des années 40. Dernier long-métrage de Jacques Becker, sa mise en scène est brillante et sans fausse note, se rapprochant par moment du documentaire de par la profusion des détails techniques.