En ce moment, j'ai un exposé à rendre sur Madame Bovary, alors ne soyez pas étonnés si je vous parle, simultanèment, de biens des films portant sur ce personnage si célèbre, et tellement controversé qu'il provoqua, au temps de Flaubert, un véritable procès pour déterminer la "dangerosité" des faits contés dans ce roman culte. Ainsi, vous l'aurez compris, mon étude se base sur les films ( trois au total : celui de 33, de 49 et de 2014, bien que cela ne m'empêche pas de me concentrer, également, sur le Gemma Bovary avec le génial Patrice Luchini. Ainsi, le roman en tête, ou ne serait-ce qu'un peu, je dois bien avouer que cette oeuvre n'est guère fidèle au livre d'origine. Le traitement des personnages changent complètement, et la fin, bien que joyeuse et plaisante, diffère tellement que, finalement, elle est déçoit plus que toute autre chose. En fait, c'est surtout dans le traitement "original" de la chose que l'on prendra plaisir à suivre ce film.J'ai en effet particulièrement apprécié la manière de traiter l'histoire, comme si les faits du roman étaient, au final, un quelconque souvenir de la vie de Flaubert; cela donne de la substance au récit, et de la crédibilité aux personnages. On suit ainsi l'histoire comme si c'était un grand flashback, flashback qui sert, rééllement, à prouver l'innocence de Gustave et, même si cela ne plaira guère, la caractère presque universel d'Emma Bovary, fille du peuple tentant de devenir femme de bonne société. Qui n'en rêverait point? Sauf qu'ici, Emma n'est guère attendrissante; il est dur d'éprouver de l'empathie envers elle, tant elle se révèle mauvaise et exécrable : elle fait tout pour son intérêt personnel, quite à faire du mal à son entourage. Certes, c'est exactement le propos du roman, ou à quelques choses prêts, mais le personnage pert tellement de sa complexité et de sa naïveté qu'elle n'en devient qu'une pâle caricature de toutes ces femmes qui désirent s'élever de leur rang social. Et le soucis, c'est que c'est exactement la même chose avec tous les personnages. Au final, quand on arrive à la fin, on se dit clairement que l'on n'en connaissait, en fait, rééllement aucun. Et il est le principal problème de ce film : aucun travail particulier d'écriture n'est fait autour des personnages, tellement que l'on ne s'attache, en fait, à aucun d'entre eux. Pire, même, on en vient à ne plus du tout s'identifier à eux, tellement tous tombent dans une abjecte caricature de moeurs divers et variés. Prenons l'exemple des amants d'Emma, Charles compris, seulement son mari par décrêt, pas par coeur. Au départ, elle l'aimait, certes, mais bon, le sujet n'est pas là. Pour en revenir au sujet principal, aucun n'est rééllement attachant : que ce soit Rodolphe, Léon ou Charles, tous sont des êtres pathétiques sans réelles pensées, si ce n'est de se servir, même inconsciemment, d'Emma. Un film au propos évidemment féministe; en même temps, c'est tiré du bouquin de Flaubert, alors bon... Et puis, pour ce qui est de la mise en scène, Minelli oblige, c'est forcément sublime. Mieux, c'est enivrant. Parfaitement combinée à une bande-son émouvante, forte, puissante et grandiose, le film arrivera concrètement à son paroxysme lors de la troublante scène dansante, d'une désarmante beauté, et d'une alarmante poésie. Bien que je fus déçu sur certains points, je dois bien reconnaître d'indéniables qualités au film. La sublime mise en scène est l'exemple même de tout le travail que le film a demandé. De plus, les dialogues, franchement magnifiques, renvoient directement à l'oeuvre de Flaubert. Esthétiquement magnifique et très bien interprété, notamment pour une Jessica Jones trop "intense" pour le rôle, je ne m'en suis tout de même pas moins ennuyé une fois passé la première heure : même si le récit a été charcuté par les ricains, il n'en dure pas moins de deux heures, et deux heures sur un tel film, c'est long, c'est très long...