Despiser est un film qui m’a attiré par sa jaquette, assez séduisante au demeurant. Au final, il faut avouer que le résultat n’est pas vraiment à la hauteur, mais il convient, dans cet avis, de tenir compte du budget misérable.
D’abord il y a les interprètes. En fait je suis partagé sur leurs prestations. C’est vrai qu’ils ne jouent pas très bien, voir son un peu à la ramasse. Gage Sheridan, qui joue Maggie Hauge me parait surnager un peu en la matière. Néanmoins, chacun semble prendre le film au second degré, et visiblement grossissent volontairement le trait par rapport à leurs personnages. C’est le cas bien sur du héros joué par Mark Redfield, mais aussi de Doug Brown. Globalement, un peu comme dans les meilleurs Asylum, finalement le fait d’avoir des acteurs qui ne jouent pas bien permet d’accentuer le coté drôle et comique du film sans lui nuire franchement. La version française accentue d’ailleurs significativement ce coté là, avec un doublage en particulier des méchants qui vaut le détour.
Le scénario part sur des bases solides. Il y a matière visiblement à créer un truc original qui à défaut d’être parfait semble réserver des surprises. C’est vrai que le début est enthousiasmant, mais après ca se délite. Le souci majeur c’est que Despiser finit par commettre deux grosses erreurs : la première c’est de vouloir en faire trop, en en rajoutant des tonnes (notamment sur les bombes nucléaires), et de se compliquer la vie alors qu’il n’en a ni les moyens ni le talent. La seconde c’est de se détourner de la construction scénaristique entreprise au début et qui permettait un minimum de cohérence, pour se livrer à de l’action en cascade. Du coup l’impression de bazar s’installe, et l’ensemble fascine nettement moins. Malgré cela le rythme est plutôt plaisant (bien que le film aurait pu se passer facilement d’un quart d’heure superflu).
J’en arrive maintenant à l’aspect visuel. Bon c’est vrai qu’il n’est pas génial, mais il n’est guère plus atroce qu’un Spawn par exemple avec un budget nettement supérieur. La mise en scène clairement n’est pas top. Cook n’est pas un réalisateur, cela se sent, s’avérant beaucoup trop scolaire dans ce qu’il offre. Les plans sont linéaires, les cadrages rigides (pour ne pas dire ultra-géométriques) et il n’y a pas de fluidité. C’est très strict. La photographie est tributaire essentiellement des effets spéciaux tout comme les décors. Les fx n’étant vraiment pas fameux, le résultat est malheureusement très moyen. Bon, pour être franc les images de synthèse sont dans l’ensemble très foireuses, toutefois, quant elles ne servent pas à représenter des choses très basiques (voitures, immeubles…) où là d’accord elles sont catastrophiques, elles ne sont pas déplaisantes. Elles peuvent avoir de belles couleurs, donner une atmosphère de jeu vidéo plutôt attrayante par moment (après tout rien ne nous dit que le Purgatoire n’est pas un de ces vieux jeux qui nous rappellent nos bons souvenirs d’enfants !), et certains effets sont convenables (parmi les petits monstres notamment). Dommage que Cook en est abusé pour tout et n’importe quoi. Musicalement Despiser n’est pas génial non plus.
En conclusion que dire : d’abord que Despiser manquait fortement de budget par rapport aux ambitions affichées (c’est clairement un scénario de blockbuster, Cook aurait pu se débrouiller pour faire quelque chose d’un peu plus dans ses cordes). Ensuite qu’il se regarde sans problème au second degré, car il affiche un ton rigoureusement léger, bien aidé en cela par des acteurs qui conscients de leurs limites préfèrent miser sur la semi-parodie. Enfin, qu’il n’est visuellement pas convaincant, mais au bout du compte pas aussi affreux que certaines super-productions de l’époque (dont Spawn que je citais). Je lui accorde la moyenne quand même, tenant compte de son budget bien sur. Il s’adresse clairement à un public avenant avec ce type de production.