Quelle jolie surprise que ce charmant intermède, cet impromptu à la mode du XVIIème siècle, sur la naissance de la vocation de Jean-Baptiste Poquelin ! Le film commence en 1658, et nous ramène 13 ans plus tôt, lorsquà 22 ans, Molière est en prison après la faillite de lIllustre Théâtre. Cest alors un mécène imaginaire, le futur Bourgeois Gentilhomme, qui lui remet le pied à létrier. Pour moi, contrairement à ce quécrivent plusieurs critiques, le scénario imaginé par Laurent Tirard pour donner naissance aux répliques célèbres ne déprécie nullement le génie de Molière. Lart ne sinspire-t-il pas toujours de la vie ? Comme dans « Amadeus », souligne à juste titre un autre critique. Ce film est un habit bien tricoté et très seyant pour le futur homme de théâtre. « Tu nes pas doué pour la tragédie, écris-donc des comédies qui explorent lâme. Tu feras rire avec ce qui fait pleurer ». Très jolie définition ! Les professeurs de français ne sy trompent pas, qui envoient leurs élèves voir le film : celui-ci est une introduction ludique à son uvre, dont il place des répliques en situation, les met à la portée dun public curieux, sans en trahir lesprit. Le précepteur nommé Tartuffe nous régale dune scène sous la table inversant celle de la pièce de 1664. Scène étourdissante dintelligence ! « Ah, pour être dévot je nen suis pas moins homme » ! sussure le jeune homme matois. Mais cest Elmire qui le surprend ! Romain Duris met le personnage à portée de lesprit et du cur. Il est, avant tout, crédible. Edouard Baer, dont lancêtre « donnait des pièces détoffe à ses amis en léchange dun peu de monnaie » fait rire avec les anachronismes sur la mondialisation. Luchini, sobre, sincère, est un Bourgeois hautement vraisemblable. Ludivine Sagnier est adorable, et joue merveilleusement. Mais cest Laura Morante qui émeut le plus, dans un personnage vulnérable. Tout cela est fait avec légèreté et sans se prendre au sérieux, sans ennuyer. Courez-y, à tout âge!