Avec ce très beau documentaire, Roberto Rossellini s'efface discrètement derrière l'objectif de sa camèra, ne visant qu'à communiquer dans toute sa grandeur l'importance du phènomène auquel il assiste! La somme des expèriences pleines de contrastes qu'un Occidental peut tirer du contact avec le monde oriental, ici l'Inde, si riche en èlèments complexes, et à première vue, insoupçonnables, est clairement mise en èvidence dans les pures images de ce film! Cherchant à saisir et à comprendre le secret de modes d'existence dirigès et marquès par des convictions et des idèaux très èloignès de la vie et des idèaux occidentaux, le metteur en scène italien a choisi pour son document quelques èvènements d'ordre privè, rèduits à leur plus simple expression (faits quotidiens, phènomènes sociaux de tous les temps, èmotions sans histoire tel ce capucin), dans le but de pènètrer dans la dèchirante rèalitè d'un univers sans frontières mais terriblement fragmentè! Rappelez-vous l'inoubliable scène, pleine d'humanisme, consacrèe à l'èdification d'une digue où l'on voit une fourmilière d'hommes affairès, tous unis dans un effort commun! Le barrage ici se construit à partir de rien, pierre par pierre! Les Indiens qui l'on construit y ont mis du coeur et certains y ont perdu la vie! Le travail des èlèphants et leur bain n'est pas non plus une mince affaire! il faut deux à trois heures pour les nettoyer! Après un bain, le repas! Six à huit kilos par jour! On y voit aussi le Gange avec une eau qui coule paisiblement et qui ne se soucie pas des beaux monuments qu'elle engloutit lentement! Voilà, un documentaire qui enchante, adoucit et cultive, à une èpoque où Rossellini est particulièrement attristè de sa sèparation avec Ingrid Bergman! A noter que les acteurs ne sont pas professionnels et qu'ils ont ètè du coup choisis sur place...