Terminé le pôle nord et ses machots ! Deux ans après le succès critique et public de sa multi-primée “Marche de l’empereur”, Luc Jacquet rappatrie ses caméras en France, pour les poser sur les montagnes de l’Ain, et ainsi mettre en images la rencontre entre un renard et une enfant, et l’amitié, aussi touchante qu’improbable, qui en découle. Une histoire fictive que Luc Jacquet a tiré d’un de ses souvenirs d’enfance, et qu’il place d’emblée sous le signe du conte, que ce soit à travers des références, ou la voix-off d’Isabelle Carré, mère racontant l’histoire à son jeune fils. Un procédé déjà à l’œuvre sur son film précédent, mais qui surligne bien trop souvent ce qui se déroule sur l’écran, et parasite la beauté des images, en même temps que la puissance de l’ode à la nature composée par le documentariste qui, s’il met en scène une fiction, n’en continue pas moins de vanter la supériorité du réel. Ce qu’il prouve en rendant hommage aux paysages de l’Ain (sa région natale, qu’il a parcourue de long en large durant son enfance) qu’il nous donne à décourvrir, au détour de plans documentaires somptueux, aussi bien du point de vue du cadrage, de la lumière ou des couleurs, que du son, qui favorise un peu plus notre immersion dans ce décor naturel. Des arbres aux animaux en tous genres, ce sont donc la faune et la flore locale qui nous sont présentées, d’une saison à l’autre, dans les passages les plus réussis de ce “Renard et l’enfant”. Car à côté de ça, la partie “fiction” du récit, bien que très mignonne, est un peu moins convaincante, à cause de son côté un peu plus artificiel (malgré le naturel de Bertille Noël-Bruneau), et de la fâcheuse habitude qu’elle a d’approcher la niaiserie d’un peu trop près lors de certaines scènes. Mais ce n’est pas pour autant que le film y tombe franchement, ce qui lui permet de se maintenir, d’un bout à l’autre, au-dessus du lot des habituels films pour enfants, tous plus inégaux les uns que les autres, qui inondent les salles à Noël.