Un grand merci au réalisateur, Luc Jacquet, ainsi qu’aux différents acteurs, pour ce film "Le renard et l’enfant" qui est un véritable petit bijou, un vrai régal à savourer pleinement en famille. Loin d’être seulement un très beau conte imaginaire pour enfants, ce film se révèle être une véritable fable à portée philosophique pour adultes. Au-delà de la relation d’émerveillement qui s’affirme dans la complicité d’amitié singulière qui s’établit progressivement entre une petite fille et un renard, le film nous montre que non seulement l’émerveillement de la nature est une jouissance, mais que la vie elle-même est une jouissance permanente. Cependant, ce que le film n’aborde pas de façon visible : c’est que l’être humain ne peut qu’être en souffrance devant la nature, dès lors qu’il est lui-même coupé depuis des millénaires de la communauté de l’être primordial, de l’être générique, coupé de la sacralité du tout. Finalement, ce que le film tend à exprimer à travers l’enfant (qui est présent en chacun de nous), c’est notre aspiration à une vie humaine ou les êtres humains ne seraient plus séparés d’eux-mêmes (l’homme étant devenu étranger à lui-même, dépossédé de son humanité), ou les êtres humains ne seraient plus séparés de la nature, ou ils ne seraient plus séparés de la beauté du monde. Le message que le réalisateur du film semble vouloir nous transmettre : c’est celui que l’être humain et la nature forme un tout dans une unité incoercible. Celui que l’être humain n’est pas dans la nature, mais qu’il EST la nature consciente, qu’il EST la nature humaine. Il nous indique que le sacral est en nous à chaque instant, comme dans le film ou il se révèle de manière émouvante en la petite fille qui grâce à lui finit par réussir à établir une touchante relation de complicité et d’amitié avec un renard. C’est ainsi que le film nous montre ô combien le sacral est en nous, lorsque l’on embrasse l’être que l’on aime, quand on mange un fromage que l’on respire, quand on boit un vin que l’on adore, lorsque l’on caresse un arbre dans la forêt… Le sacral est partout ! Cependant, la profanation de la nature par nos sociétés marchandes nous à nous-mêmes dénaturés. Et c’est cet héritage de notre naturalité primordiale, générique, refoulée au plus profond de nous-mêmes, qui refait surface et transparait (en négatif des apparences), dans le regard d’humanité et d’amour que notre jeune héroïne porte avec tendresse au magnifique renard et à la beauté de la nature qui l’environne et qui nous dit précisément ce que nous devons nous rapproprier : la jouissance de la richesse du monde, la jouissance de la nature, la jouissance de la vraie vie humaine qui nous a été progressivement confisquée à partir de la révolution agraire qui a surgi au néolithique et qui a donné naissance à la valeur d’échange (suivi du fétichisme aliénatoire de la marchandise), conduisant le passage de la communauté de l’être à la société de l’avoir.