L'histoire d'un renard et d'une enfant, vous voilà bien avancés...
C'est Noël, et vos chiards veulent, à date obligatoire et récurrente, voir un film de Disney. Mais pour vous, c'est l'indigestion, heureusement, Walt a tout prévu, il fait appel à des indépendants qui ont un autre point de vue sur les spectacles pour ados non finis, d'autres budgets et d'autres mentalités, tout en étant bien content de profiter de la puissance de distribution de la firme à la souris.
Car ce qui prime dans cette nouvelle oeuvre de Jacquet, c'est la fin de la sacralisation de l'enfance. Oui, les enfants sont capables d'un égocentrisme et d'une bêtise crasse, et n'apprennent pas vite, même si leur mode de vie leur permet de glander et d'attendre très longtemps pour réparer leurs erreurs, ce que la vie trépidante d'un adulte limite beaucoup. Je ne parlerais pas de la cruauté habituelle des mômes avec les animaux, comme ici certaines bêtes font suffisament peur, elles sont tranquilles.
Tout le film se déroule comme on s'y attend, moyennant une magnifique photographie, des paysages comme de la petite rousse aux yeux clairs, une musique correcte, qui sait s'effacer, et des cascades de renards époustouflantes. 90% du film fait réaliste, c'est déjà énorme pour un film animalier dont la réalisation n'a pas du baigner dans la facilité.
On peut aussi louer l'absence totale d'adultes, ce qui est dans la veine des derniers films pour ados ou enfants, ils sont de plus en plus la partie invisible de la vie des gosses modernes. A l'image d'une société où chaque ghetto est de plus en plus hermétique, les générations de moins en moins proches et solidaires en étant le signe précurseur.
Puis, quand tout commence à tourner gentiment à la fable pour mioches, l'histoire prend un détour étonnant, très adulte, auquel je ne m'attendais absolument pas, même si l'intellect de la petite fille n'était pas spécialement élevé.
C'est une surprise bien amenée, je serais plus réservé sur la réalisation, le twist est un peu « fort de café » pour ce qui suit. C'est d'ailleurs à partir de ce moment que les invraisemblances se multiplient, et le jeu d'Isabelle Carré et du fils ne permet pas un final à la hauteur du film, un peu dommage.
C'est là que l'on peut éventuellement critiquer la fin, trop consensuelle, et finalement bien cool pour une situation qui ne l'était pas du tout.
Mais il fallait sans doute faire en sorte faire plaisir à Disney et ne pas se mettre les parents de la marmaille sur le dos pour déprime post-fêtes.
C'est un sacré beau film qui donne envie de redécouvrir ce magnifique pays qu'est la France, tant qu'il est préservé du capitalisme ambiant et de la pression démographique.