Oh ! lala ! Quelle claque ! Et pourtant le titre ne me disait rien qui vaille. Fidèle à ma petite manie qui consiste à fuir toutes les infos relatives au film, c’est avec l’esprit totalement libre que je me suis lancé dans le visionnage du long métrage de l'irlandaise Kirsten Sheridan. D’autant plus libre que je n’en attendais pas grand-chose. Et ce n’était pas plus mal parce la surprise n’en a été que plus belle ! Je pense même qu’il faut tout ignorer de ce film avant même de le regarder, afin de savourer toute la dimension émotionnelle qui caractérise ce film, et les menues surprises qui vont avec. Mais en aucun cas, ne tenez pas compte de tout ce que peut dire la presse à son sujet, toujours aussi inaccessible dès lors qu’on parle de sentiments profonds (j’ai encore un souvenir très vif de ce qu’elle a pu honteusement dire à propos de" Hatchi", bien qu’ici ça n’a rien à voir avec les animaux). L’entame laisse augurer un film à caractère fantastique avec la séquence du champ de blé caressé par le vent. Et on s’aperçoit finalement que non, pas du tout. La psychologie d’Evan Taylor est décrite avec beaucoup de poésie : un gamin de 11 ans qui a le don d’entendre des notes de musique à travers tous les bruits, aussi anodins soient-ils. Cette capacité, il va la mettre à profit pour tenter de réaliser son rêve. Son plus grand rêve. Alors est-ce un don du ciel, ou tout simplement un cadeau empoisonné ? Cette aptitude rend sa vision des choses peu commune, ce qui lui vaudra bien des brimades. Les enfants ne sont déjà pas tendres entre eux, alors quand l’un d’entre eux est différent, on a un parfait exemple de ce qui peut lui arriver. C’est donc dans la poursuite de son rêve que le spectateur est invité à découvrir l’itinéraire de ce gamin hors norme, de sa conception au but de sa vie. Un rôle porté par un Freddy Highmore alors au sommet de son art de sa jeune carrière. J’ai eu la curieuse sensation qu’il vivait véritablement son personnage. On pourrait en dire autant des autres personnages, à commencer par Keri Russell dans le rôle de la violoncelliste Lyla Novacek, très convaincante dans ce qui anime son personnage au talent courtisé par les orchestres philharmoniques. C’est le cas aussi de Jonathan Rhys-Meyers en rocker irlandais, Louis Connelly. Là où "August Rush" est remarquable, c’est d’avoir su lier à distance la destinée de Lyla à celle de Louis par une bande originale remarquable, en entremêlant deux styles musicaux très différents, et par la même occasion deux tonalités musicales tout aussi différentes, pour ne faire qu’un seul et unique morceau de musique. La partition de Mark Mancina est tout simplement incroyable, et c’est là que se trouve toute la singularité de ce film : la bande originale a été écrite avant que le tournage ne débute. Chose qui ne se fait jamais… ou presque. L’histoire a donc été bâtie autour de cette partition musicale qui va mêler avec une facilité déconcertante bon nombre de genres musicaux, parmi lesquels le gospel. Une création qui a fini de m’emporter au firmament du bonheur lors du rhapsodie final qui dure près de 7 minutes 30, excusez du peu ! Alors gare aux larmes qui ne manqueront pas de pointer le bout de leurs gouttes !! Cela dit ce n’est pas seulement le destin de ce jeune garçon qui est magnifique, et somme toute peu banal. Il y a aussi une très jolie romance. Elle n’en est que plus embellie lorsqu’il s’agit d’un amour contrarié par un père incapable d’envisager le mariage entre une carrière internationale et une vie plus terre à terre, aveuglé par l'ambition. Si tout est magnifique dans ce film, c’est aussi grâce à l’art et la manière d’utiliser la caméra. L’œil de la cinéaste s’attarde en gros plan sur les doigts, notamment lorsqu’ils s’apprêtent à émettre des notes (depuis les cordes d'une guitare posée à plat, ou depuis les verres mouillés...). Et la bande son est d’une telle qualité qu’on n’entend pas seulement les cordes émettre des sons, non : on les SENT vibrer. Alors dans le cas où je vous aurai donné envie de rechercher ce film, je ne saurai rien faire d’autre que de vous conseiller de le prendre autant que possible en Blu-Ray, à condition que vous soyez équipés. Et si par cas vous avez la chance de posséder un home cinéma, alors vous éprouverez un immense plaisir à écouter, réécouter, puis écouter encore cette splendide bande originale. A tel point que vous n’aurez même plus besoin de l’image pour vous refaire le film, alors que la photographie est également très jolie. Personnellement, je n’avais jamais rien entendu de pareil. Il est temps de rendre à ce film ses lettres de noblesse car il est injustement méconnu. 5/5, parce que je ne peux malheureusement pas donner plus ! Même si on peut trouver Robin Williams légèrement caricatural dans un rôle inhabituel.