Little Miss Sunshine, c'est un peu un rêve de réalisateur qui devient réalité : un premier film, ayant connu plusieurs problèmes de production, qui devient rapidement le succès surprise de 2006 et qui termine sa course avec deux Oscars et un César. Le long-métrage s'est taillé au fil des années une réputation de petite perle indépendante, qui apparaît un peu usurpée quand on voit que l'ensemble a du mal à se détacher des codes établis par les gros studios hollywoodiens. En effet, le scénario reprend certains éléments et certaines manières de faire communs à toutes les comédies lambdas, ce qui enlève à plusieurs scènes la finesse dont elles avaient besoin. Par exemple, Dwayne, l'adolescent de la famille, apprend à moment quelque chose qui a de lourdes conséquences, sous-entendues mais évidentes. Et pourtant, son oncle vient avec ses gros sabots les expliquer. La scène n'avait pas besoin de ça, laisser le jeune faire sa crise de nerf et répondre après aux interrogations de sa famille aurait suffit. Cependant, malgré ce défaut récurrent, le scénariste est parvenu à écrire des personnages et des situations justes. La façon dont Olive réagit à la colère de son frère est, je trouve, un modèle de simplicité, tout comme la scène du repas au début, qui, en plus d'être drôle, présente efficacement chaque membre de cette famille complètement dysfonctionnelle. Mais il ne faut pas oublier que la prestation des acteurs participe beaucoup à l'appréciation générale de l’œuvre. Chaque comédien est investi mais c'est Abigail Breslin, bluffante pour son âge, qui retiendra l'attention, ainsi que Paul Dano, qui s'approprie complètement le cliché de l'adolescent solitaire fan de Nietzsche. Malgré quelques défauts mineurs, Little Miss Sunshine parvient à charmer le spectateur grâce à des personnages hauts en couleur et une bonne humeur inébranlable, qui ne sombre jamais dans la facilité grâce à une écriture maîtrisée et une pointe d'humour sarcastique délectable (en particulier le "Go hug Mom").