A l'étagère des comédies aussi drôles qu'intelligentes, "Little Miss Sunshine" mérite sans conteste de trôner parmi les meilleures. Le premier long-métrage du couple formé par Valérie Faris et Jonathan Dayton est une réelle bouffée d'oxygène, offrant certainement ce que le petit cinéma indépendant aux Etats-Unis a de mieux. Car oui, pour ceux qui en doutaient encore, il y a bien une différence (que dis-je, un fossé), entre le cinéma hollywoodien et le cinéma américain, "Little Miss Sunshine" faisant partie intégrante de la seconde catégorie. On prend place avec grand plaisir devant les tribulations de cette famille d'américains moyens qui traverse le pays, afin que la petite dernière puisse participer à un concours de beauté pour fillettes. L'histoire nous pousse donc à assister à un road movie jubilatoire et délirant, parfois même émouvant, sorte de voyage initiatique pour chacun des membres de la petite famille Hoover, tous parfaitement croqués par le scénario et mis en valeur par une mise en scène subtile et des acteurs très justes. Car de la jeune Abigail Breslin, véritable révélation du film par sa gouaille et son naturel sidérants, à Greg Kinnear, idéal dans le rôle d'un père tellement obsédé par les façons de ne pas devenir un loser, qu'il ne peut s'empêcher d'en devenir un, de Steve Carell, d'ordinaire plus habitué à des rôles dans des comédies potaches made in USA, au jeune et très prometteur Paul Dano, vu également face à Daniel Day-Lewis dans le gigantesque "There will be blood" de P.T. Anderson, en passant par Alan Arkin, excellent en grand-père bougon à l'esprit rock'n'roll, ils livrent tous de savoureuses interprétations de leurs personnages, et deviennent les meilleurs atout de cette sympathique production. Production qui au passage prend le malin plaisir de se moquer d'une classe sociale américaine en constante obsession de la réussite à n'importe quel prix, et des concours de beauté pour petites pestes en herbe, véritables bêtes de concours dans des corps de gamines, surmontés de si mignonnes têtes à claques. Tout cela pour nous amener à un final génialement hilarant, à un tel point qu'on se lèverait presque pour l'applaudir ! Certes la réalisation est sobre et très classique, on ne cherche pas à impressionner ou à révolutionner quoi que ce soit ici, c'est juste un bon moment de divertissement et de détente, jamais mièvre, prétentieux ou moralisateur. C'est exactement le genre de cinéma qu'il faut montrer aux producteurs de grosses machines sans âmes censées être comiques, mais qui prennent pour des imbéciles une large partie du public. Pas une grande leçon de cinéma, mais un très bon film quand même !