Après les prolétaires d ‘«Antoine et Antoinette » (1947), Jacques Becker développe en 1949 une comédie au sein de la jeunesse intellectuelle. De la cave à jazz avec quelques musiciens célèbres (Claude Luter, Mezz Mezzrow, Rex Stewart) au projet d’expédition anthropologique au Congo, en passant par le théâtre, nous assistons à la description minutieuse d’une époque fantasmée. En joignant les besoins scénaristiques au lobbying, ce soit disant cinéma vérité nous expose des difficultés à trouver un emploi et que le cinéma français ne produit plus de film ! A partir de ce bobard se développe un chassé croisé amoureux très « Nous deux » chez les intellos : François auteur d’une pièce de théâtre, aime Thérèse qui aime un trompettiste occasionnel qui devrait accompagner un anthropologue comme chef opérateur. Ce dernier est amoureux de Christine, la sœur de François, mais dont est épris le réalisateur de la pièce. Ce dernier engage les deux filles, Thérèse par ce qu’elle a du talent et Christine pour des raisons moins avouables, surtout qu’elle joue comme un pied. Heureusement, le marivaudage je t’aime moi non plus est agréablement illustré par quelques bons moments de jazz et le jeu lumineux de Brigitte Auber, le tout habillé par une grâce certaine. Globalement le film est davantage une accumulation de talents qu’une réussite véritable. L’interprétation, Daniel Gélin en tête, et la musique, à condition d’aimer le jazz, Mais aussi des talents techniques avec une remarquable photographie de Claude Renoir dans un Paris plein de charme et un montage très juste de Marguerite Renoir. Les limites se trouvent dans plusieurs séquences, comme par exemple celle de la lamentable prestation scénique de Christine (Nicole Courcel), plus pesante que didactique. Becker ne fut ni François Truffaut et encore moins Vincente Minnelli. Néanmoins ce film plein de fraîcheur reste un témoignage intéressant sur cette époque et sa jeunesse, tout en permettant de passer un agréable moment.