Si il y a un genre cinématographique extrêmement propice au chef d'oeuvre ou film marquant, c'est bien la fresque. Le Parrain, Scarface, Citizen Kane, toutes ces oeuvres ont en commun un même schéma : celui d'une construction en pyramide, qui montre l'ascension de son personnage principal, puis sa déchéance. There Will Be Blood est de ce genre de film, et est automatiquement conditionné pour être de qualité : et en effet c'est le cas. La principale force du film est d'opposer le matérialisme (l'argent) a l'aspect humain. Ca n'a rien de vraiment novateur en soi, mais la particularité du film est de les opposer totalement, comme deux aimants étant incapables de se toucher, ce qui va d'ailleurs prendre forme lors de la scène de l'incendie, où le business du personnage principal va exploser, mais provoquant en même temps la surdité de son fils. Ainsi, Daniel Plainview (interprété magistralement par un Daniel Day Lewis habité), en pleine réussite, va également avoir l'opportunité de devenir une moins grosse ordure qu'il ne l'est de base. Cela va intervenir par le biais de deux vecteurs : la famille, et la religion. Cette dernière sera incarnée par Paul (Paul Dano, incroyable et illuminé), qui va se révéler être la seule véritable opposition rencontrée par Plainview. La religion en prend réellement pour son grade, parfois pas toujours de manière subtile, mais PTA montre essentiellement l'impuissance de la religion face a la montée d'une figure d'une mal, incarnée donc par Daniel Plainview. Quand à la famille, on croira à chaque fois qu'elle permettra a Plainview d'évoluer, tout d'abord sous la figure de son frère, puis par celle de son fils, mais à chaque fois, cela ne le fera que le dépouiller un peu plus de son humanité. Ce dépouillement atteindra son apogée lors de l'acte final, lorsque
H.W quittera le foyer pour devenir un concurrent de Plainview
. Et c'est à ce moment-là que la nature monstrueuse du personnage fera surface, dans une scène finale incroyable de violence et de perversion. Bien entendu, il serait vain de résumer tous les thèmes abordés dans le film en une critique, tant l'oeuvre de PTA est d'une densité ahurissante. Cependant, elle n'en reste pas moins imparfaite, notamment à cause de sa narration. Présenter le film en 3 actes extrêmement séparé dans le temps n'est pas forcément une mauvaise idée, mais de mon point dans ce film, cela réduit sa continuité, ce qui le rend beaucoup beaucoup moins percutant. Malgré ce (gros) défaut, There Will Be Blood est une grande fresque comme on en voit peu, mais à laquelle il ne manque pas grand chose pour en faire un chef d'oeuvre.