There Will Be Blood est le chef d'Œuvre de Paul Thomas Anderson ! Il y'a des constats nettement plus difficiles à décelés que celui-là, c'est vrai ... Bon, on rigole un bon coup, et on reprend. Alors, oui, le cinquième des films de la filmographie du cinéaste est à n'en pas douter, l'un des plus dingues de la décennie. De tous, une influence de l'époque.
Un film qui se construit sur sa durée, dans le temps, qui à l'ambition de dépeindre tout un paysage, un portrait, au sens large le monde qui l'entoure. Je pourrais tartiner sur son introduction quasi muette, de ce type plongée dans sa solitude, de sa chute, de sa jambe brisé, tout tiens déjà à cet instant ... L'entrée en matière donne donc le ton, elle est sublime, sa suite l'est encore d'avantage. Les scènes s'additionnent et creusent le sillon des tourments de Daniel et de son entourage restreint au possible, à ses désirs, dans la souffrance de sa perception édifiante de l'humanité. L'embrassement de la station de forage et l'accident de H.W est pour moi le moment de la bascule ultime, celle du choix, la vérité est frappante, horrible et prodigieuse. Toute la parenthèse avec Henry m'a aussi complètement bouleversé, les choix tous plus audacieux les uns que les autres dans la mise en scène d'Anderson n'y sont pas pour rien. En mot, ou en images, c'est bien là qu'il ose tout et actionne la marche forcée. Il y'a bien sur cette d'autres déclics, les confrontations avec la communauté ( son baptême ), ou auparavant ce déjeuner d'affaires qui dérape, et puis bien entendu ce double affrontement avec son fils puis avec son adversaire de toujours, Eli. Ce " I Finished " viens définitivement acté la postérité de ce long métrage. There Will Be Blood ne mens pas, il y'a du sang !
Une petite impatience se cachait quelque part dans un coin de ma mémoire ce matin avant de me confronter à nouveau à ce film qui m'a tant apporté par le passé, une petite défiance vis à vis de mes souvenirs que j'aime beaucoup je dois dire. Une nouvelle fois j'ai été emporté par son lyrisme, par son jeu axée sur la terreur, par son mal qui ronge ... A bien des égards, There Will Be Blood me ramène à revoir mes gammes, à poursuivre les introspections, à réhausser mes vues sur un monde que je ne comprends pas assez, ou trop bien, c'est selon. Une expérience à la Kubrick, dans sa veine si je n'ose dire.
Après ce petit interlude, j'aimerai revenir au plus près de ce film et notamment vers la démence de son acteur principal. Daniel Day Lewis trouve le moyen de livrer toute sa hargne au combat, il témoigne de la rage de son personnage pour le monde qu'il bâtit et détruit à la fois. La dualité est une force constante dans la composition de cet acteur qui se raconte au travers une filmographie finement calligraphié. J'en reviens à la postérité, Daniel Plainview entre dans le cercle. Daniel Day Lewis en est son visage, ses larmes, son sourire, sa démarche mais c'est bien au travers du cratère de sa folie que l'on ne peu oublier un tel " monstre " !
Paul Dano quand à lui viens batailler contre ce dernier dans des habits trop petits, il est bluffant de vice, en tout point mémorable. La cruauté, la perversion et la brutalité de ses approches jette se froid latent mais que l'on sent tel un regard en traitre, la main sur ton épaule et l'autre dans le dos ... Dillon Freasier, Ciran Hinds ont eux aussi mon admiration. Le jeune garçon à un rôle prépondèrent dans cette Odyssée cauchemardesque, son sort viens remuer les tripes. La relation malsaine qui se tissent entre lui et son " bienfaiteur " rend fou à force de manigances, de coups du sort, de défiance en touts genres. Une ligne virtuose.
La mise en scène de Paul Thomas Anderson vire du tout au tout dans la même beauté du geste en comparaison avec son film précédent. Il endosse un classicisme telle un menteur avec la bonne facette, il viens au fond taper dans le lard du plus confondent des académismes. Ses libertés esthétiques vont jusqu'à déniché Johnny Greenwood ! Ce dernier saisit la paranoïa, en fait sienne ses sombres œuvres, sort des notes qui ne sont que terrifie. Mention pour Arvo Part, toujours bon à venir accoler à la pure aliénation.
Je viens de finir son visionnage il y'a une heure, huit ans après le dernier. J'en ressent encore toutes les vibrations, ses turpitudes vont me poursuives pour toute la journée à venir, seul les meilleurs films savent autant perturber les consciences, bouffent une partie de celle-ci et nous habite peut importe le décalage de la montre ou de la boussole. Un film Totem, une référence insoluble à cette échelle.