There Will Be Blood est un film 100% américain (dixit Paul Dano) de par les sujets qu'il aborde : la religion et la "conquête de l'or noir", sur fond de paysages désertiques perdus dans le grand Ouest. Et bien qu’elle soit reléguée au second plan après la course au pétrole, la religion devient presque omniprésente avec le personnage d'Eli Sunday qui ne cesse de faire croître la durée de ses apparitions au fil de l'histoire. Je salue d’ailleurs la prestation de Paul Dano, que je ne savais pas aussi bon acteur! Pour moi, il se dresse à la hauteur de Day Lewis dans ce film, assurant un duo magistral entre deux personnages crédibles (c’est très important) et captivants (je pense notamment aux sermons qui m’ont laissée sans voix). DDL, de l’autre côté, incarne un homme corrompu par le pouvoir suivant son train de vie mené par ses intérêts propres. Au début du film, on ne se rend pas tout à fait compte de la véritable nature de Daniel Plainview. Et quel début ! Quinze minutes dénuées de dialogues accompagnées par la montée progressive d'une musique stridente, et qui plongent le spectateur directement dans le contexte du film. Ce début m’a fait pensé à Kubrick, que j’ai aussi retrouvé dans d’autres scènes ; j’entends pas là une photo irréprochable, des plans grandioses (la tour en feu) ou encore une symétrie parfaite sur certains plans. La folie de Plainview lors de la scène finale (l'une des meilleures; DDL m'a profondément marquée à ce moment là) n’est d’ailleurs pas sans rappeler celle de Jack Torrance (alias Jack Nicholson) dans Shining. (J’ai aussi remarqué que si Nicholson porte le prénom de son personnage dans Shining, il en est de même de DDL et Paul Dano dans There Will Be Blood.) Cela n’est pas étonnant, le réalisateur P.T Anderson n’est autre qu’un fervent admirateur du génial Kubrick ! Bref, je m’égare… Porté par la prestation de DDL qui expose encore une fois la démesure de son talent (une voix modulée et travaillée, une gestuelle qui évolue en même temps que son personnage, des rictus évoquant une nature méprisante), D. Plainview est un personnage captivant de par sa nature complexe. De plus en plus corrompu au fil de l'histoire, il n'en est pas moins dès l'origine un misanthrope solitaire. Totalement crédible, DDL livre une prestation ahurissante sans jamais cesser de nous faire croire à son personnage, que l’on ne cesse tour à tour de haïr de par l’incompréhension totale qu’il a à l’égard des êtres humains, et d’apprécier (les rares moments de complicités avec son fils). Il ne manque pas non plus de faire monter en nous un sentiment de pitié pour son fils, ou de peur, voire de terreur, lorsqu’il déclare sans un brin d’émotions des menaces à ceux qui tentent de profiter de lui. En somme, DDL et Paul Dano sont des acteurs remarquables et respectables, plongés au cœur d’un film prenant quoique ponctué par quelques longueurs. La BO est aussi géniale (et elle fait encore référence à Kubrick). C’est le genre de film à ne pas regarder si l’on s’y force. Il faut vraiment le voir si l’envie est là, et si on est un admirateur de Day Lewis. Sans ça, il peut devenir très vite ennuyant car le sujet n’est pas bien joyeux ! Tout de même, on en ressort forcément changé….