Bon, troisième de lui, et je n'arrive décidément pas à avoir un avis clair et positif sur lui.
Au moins ce que j'appréciais chez ce réalisateur jusque-là c'était l'ambiguïté de ses films, de ses personnages, et là il apparaît le destin tout tracé de DDL. Sur un certain nombre des plans, de rapports (fils, frère, prêtre, associés), on découvre donc la cruauté de ce personnage, pour qui la quête de la réussite passe avant tout, sorte de reflet inversé du « self made man ». Je ne peux pas m'empêcher, en voyant la dernière partie du film, constater devant l'état de DDL que tout ça me semble bien trop forcé, que oui le film a sa destinée propre, et il est bien là le problème. Je trouve le procédé extrêmement caricatural. Tout placer dans un sens, orienté, ça m'a déplu.
Sur un plan rapproché il y a un paradoxe qui me taraude beaucoup : le synopsis évoque quasi-uniquement le conflit entre le héros et le prêtre à propos du pétrole, alors qu'à vrai dire en voyant le film ce conflit a une place plus que secondaire (des plages d'une demi-heure où le prêtre disparaît puis réapparaît, puis redisparait puis revient encore, jusqu'à la fin où l'on s'aperçoit que c'est finalement l'un des enjeux clés du film) ; pour moi le conflit n'a pas eu lieu. D'autant plus que les scènes entre eux (église x2) m'ont surtout fait sourire (bon là-dessus je pourrai y revenir mais passons). De ce côté-là ça aurait pu être bien plus fouillé (ce qui constitue également une réponse au premier paragraphe en fait - c'est surtout un film qui traite de la destinée de DDL). Mais en même temps ce n'est pas plus mal, car PTA joue sur différents tableaux, et ce côté ambigu (bien qu'il soit moins présent que dans les autres vus de lui) reste présent, ponctué par une mise en scène assez originale. Là encore j'ai un avis partagé, puisque dès le départ le film part sur un faux rythme, et jamais il ne semble s'en départir. Bon, certains y voient ici la marque des grands ; s'ils le disent. Ce réal me laisse une nouvelle fois perplexe, ça en devient presque énervant. Là où dans un des ces films il y a des qualités et des défauts l'autre remplace les uns par les autres, en tout cas j'ai cette impression.
Une fois n'est pas coutume PTA nous exempt de ses dialogues grotesques et salaces que l'on a pu retrouver dans Magnolia ou The Master, ce qui est une bonne chose. Mais il ne parvient toujours pas à avoir cette « classe » qu'on veut bien lui donner, enfin ce film est surtout sobre.
En tout cas ce film m'a plus ébloui par le talent de DDL que celui de PTA. J'attends celui où il me convaincra totalement (ou presque), mais là encore on est dans le 50%. Il y a de l'ambition sur la forme et le fond, d'un point de vue très très éloigné il y a un petit côté Barry Lyndon, mais ça ne s'assume pas comme tel, enfin si ça se veut mais je n'attends pas de ça de PTA - son ambiguïté et son originalité naturelles l'empêchent de faire une véritable « fresque » je ne crois pas qu'il puisse jouer dans cette cour - je pense sincèrement qu'il aurait pu nous tisser un drame bien plus ouvert (le synopsis du DVD envisageait un moment la quête de DDL et du prêtre, tous les deux, de s'approprier la population, voilà un angle que j'aurais bien voulu voir développer, sur cette même intrigue ça pourrait donner un truc intéressant).