Daniel Plainview (Daniel Day-Lewis) est un prospecteur de pétrole. Il a un jeune fils qui l'accompagne partout où il va. Un jour, un jeune homme, Paul Sunday (Paul Dano) lui dit que les terres de ses parents sont très riches en pétrole. Daniel s'y rend, commence à tout acheter à bas prix et à exploiter les terres. Les relations se tendent peut à petit avec Eli Sunday, frère jumeau de Paul, prêcheur à l'américaine de l'Église de la Troisième révélation. Un jour, un accident sur le forage rend le fils de Daniel sourd. Ce dernier va sombrer lentement dans la violence et la folie.
La musique du film est très étrangement gérée. Souvent très présente par moments, très dissonante, ou bien très rythmée, ou alors très lyrique et romantique, elle n'a jamais l'air de réagir à la scène que l'on a sous les yeux. Parfois elle crée une tension qui fait attendre le pire dans des moments anodins, elle souligne avec emphase des moments qui ne le méritent pas... J'ai eu du mal à comprendre son rôle et son intérêt autrement que démonstratif (« regardez comme c'est puissant ce que je suis en train de faire »).
Et c'est peut-être un des défauts du film : la conscience (ou moins la volonté) qu'a Paul-Thomas Anderson de faire un Chef d’œuvre, et la complaisance qu'il peut y avoir à ça. Tout est lent, tout est souligné, tout est puissant. À ce titre, le début du film est parlant : 15 minutes sans un seul dialogue à regarder des types descendre dans des mines et creuser des puits de pétrole. À un moment la question est : où veut-il en venir ?
Et à la réflexion, c'est une question qui reste en suspens. Le personnage principal, autour duquel tourne tout le film, est haïssable, obsédé, violent, fou, sans qu'on ait de clés qui permettent de comprendre ce qui lui arrive : je pense aux revirements vis-à-vis de son fils, entre amour et rejet, qui surviennent sans raison apparente. Et comme les autres personnages sont plus ou moins des figurants (hormis Eli le prêcheur), il n'y a à peu près aucun personnage pour le rattraper. Je n'aime pas spécialement les œuvres psychologisantes, où on passe le temps à nous expliquer les raisons de telles et telles actions. Mais ici c'est l'inverse : Daniel Day-Lewis crie, gesticule, transpire, vocifère, pleure, mais c'est un personnage tellement énigmatique qu'il finit presque par perdre son sens. Et si son seul « sens » c'est de haïr l'humanité entière, ce n'est pas très intéressant. De la même façon j'ai trouvé l'intrigue avec Eli assez mal traitée, peu exploitée, assez grossière en somme.
Au final on garde du film la description très sombre, noire, pessimiste et un peu vaine d'une humanité tragique, violente, bête et cruelle. Ça manque de finesse et de profondeur pour moi. Si j'ajoute que je n'avais pas aimé Magnolia non plus, je pense pouvoir dire que je n'aime pas le cinéma de Paul-Thomas Anderson.