Adapté du roman Pétrole ! (1927), There Will Be Blood est une sorte d’ovni nous hypnotisant 2h38 durant, et ce en nous contant l’ascension lente mais certaine de Daniel Plainview, pétrolier (fictif) du début du XXème siècle ; si le scénario ne paye pas de mine au premier abord, on découvre très rapidement que de par sa réalisation de haute volée, son ambiance si particulière et ses personnages superbement travaillés, que There Will Be Blood de Paul Thomas Anderson tient du chef d’œuvre. La première partie du long-métrage est éloquente en la matière : aucune once de dialogues, seule l’appréhension et l’observation du protagoniste semblant être la figure centrale du film nous est proposé ; l’image se suffit d’ailleurs à elle-même, tandis que les prémices d’une BO exacerbée mais grandiose confère au tout un air franchement captivant. Ainsi absorbé par ce spectacle aussi simple que subtil, on assimile avec aisance les ellipses temporelles accompagnant les étapes principales de la conquête de l’or noir, menée par Daniel Plainview ; on suit avec intérêt son périple, le tout accompagné de son fils H.W, auréolant l’homme d’une aura bienfaisante, familiale. Mais There Will Be Blood, fort de son rythme lent, laisse monter petit à petit une tension d’abord légère, puis de plus en plus dominante, teintant l’ambiance d’une noirceur glaçante ; la qualité renversante de la photographie, la BO aussi étrange que galvanisante et enfin la découverte progressive du véritable Daniel Plainview sont d’autant d’éléments assurant la réussite de ce parti pris pour la lenteur du récit, dont les longueurs s’avèrent être finalement en tout point passionnantes. Concernant la composition du personnage principal du film, on atteint des sommets en terme d’interprétation avec l’immanquable Daniel Day-Lewis, très justement récompensé pour ce rôle hors-norme ; et comme si cela ne suffisait pas, There Will Be Blood se pare d’un casting parfait, avec une foule de seconds rôles en tout points convaincants, car tous parfaitement campés (Paul Dano et Dillon Freasier en tête de file). Bref, on est conquis de bout en bout, même si le film ne s’emballe qu’à de rares (mais intenses) instants ; on apprécie également l’intelligence rare de l’intrigue, qui malgré un sujet peu original au premier abord, ne vas cesser de surprendre avec brio. Il est enfin d’autant plus plaisant de saisir toute la portée de There Will Be Blood (vice de la fortune, de la religion …) dans son ensemble, tandis que son dénouement brutal et sans concession, mais véritablement dantesque, nous apporte les dernières lumières sur le propos de ce long-métrage … incroyable. Un chef d’œuvre de Paul Thomas Anderson donc, porté par une réalisation parfaite et un Daniel Day-Lewis saisissant ; reste l’aura atypique de ce film au combien sublime, mais pas grand public, loin de là.