L’Europe et les Etats-Unis ont toujours, au-delà de leur correspondance historique, entretenu une relation. «Le deuxième souffle» (France, 2007) d’Alain Corneau s’en veut la preuve en renouvelant les emprunts culturels échangés entre le vieux continent et Hollywood. Film de gangster, cette seconde adaptation du roman de José Giovanni, extrait son atmosphère du film noir, de ceux de Melville entre autres, tout en modernisant son esthétique. Reproduisant l’aspect clinquant des films ultra-stylisés hollywoodiens, Corneau, par soucis de nouveauté, plonge son œuvre dans un bouillon de couleur tout en préservant les tons obscurs des films noirs. Le rouge des décors tire au bordeaux, le jaune des coiffures tend vers le bronze et le vert des tapis devient glauque. Cet obscurcissement des teintes préserve la noirceur des films de gangster en appliquant au visuel les mêmes ténèbres moraux de l’intrigue. Le fond scénaristique ne propose rien de singulier et recycle les intrigues policières qui font s'affronter les clans criminels avec la police. Corneau, pour rendre hommage au film policier tout en prenant garde de donner à son film une forme actuelle, orchestre les parangons du flic, du ripou, de la belle femme, du criminel expérimenté... Malgré l'honorable volonté de réussir une oeuvre à la croisée de la tradition du genre et de la nouvelle esthétique, Corneau se confond dans un film, qui à trop vouloir être moderne et classique, finit par être tiède, à n'exprimer que la volonté fade de ne pas savoir choisir. «Le deuxième souffle» et sa pléthore d'acteurs prestigieux, ses décors aux tons expressifs et ses atmosphère retranscrits selon les codes imposants du cinéma américain porte au nu, dans le même temps, les cinémas de Siodmak, de Melville en les mêlant, dans un geste d'hybridation, aux films de la dernière génération en date, ceux de Snyder et de tous ce cinéma américain populaire qui, plutôt que de travailler les rapports humains préfère exalter le fastueux des images.