Avant-dernier films réalisé par Alain Corneau, dont la réputation en matière de polar n'est plus à démontrer, "Le deuxième souffle" est remake du film de même titre réalisé dans les années 60 par l'excellent Jean-Pierre Melville avec Lino Ventura et Paul Meurisse.
Le scénario, hormis quelques scènes remises au goût du jour, est donc exactement le même que celui de son modèle, lui même adapté d'un roman de José Giovanni source d'inspiration de nombreux polars français.
Les dialogues collent également, à la réplique près, sur la quasi totalité du film.
En conséquence, pour ce qui est de l'histoire, elle ne peut être que plaisante : le remake est extrêmement fidèle.
Qu'y a-t-il donc de plus dans cette nouvelle mouture ? La griffe ! Après celle de Melville, voici celle de Corneau : esthétisme impeccable, photographie sublime, un savoir-faire indéniable. Les scènes de pétarade où le sang vole en éclat font un peu too-much à mon sens mais de nos jours, un polar sans violence n'a plus sa place dans le paysage cinématographique moderne.
Le casting est également bien choisi : Auteuil, Dutronc, Melki, Duval, Blanc servent tous leurs rôle fort convenablement. Même Cantona est plutôt corrct.
tout est là pour passer une bonne soirée polar.
Alors pourquoi quelque chose me dérange ? Après ce que je viens de dire, on pourrait croire que je mettrai la même note que son prédécesseur et pourtant non. Pourquoi ? Peut être la raison se trouve dans le fait que j'ai vu pour la première fois, deux jours auparavant, la version de Melville.
Ce qui me chiffonne dans ce film est que l'histoire est décalée par rapport à l'image : les truands, leurx codes d'honneur... tous ces éléments appartiennent au cinéma français des années 60-70, pas à celui des années 2000. Le décalage est dur. Ce sang qui gicle est inhabituel pour de tel films : Verneuil, Melville, Lautner, Deray ne mettaient pas autant de sang.
Et puis, si les acteurs du film de Corneau sont excellents, il n'égalent pas leurs aîné : Auteuil n'est pas Ventura et Blanc n'est pas Meurisse...
Le second visionnage, dans quelques mois histoire d'enfouir un peu le visionnage dans le méandre de mon cerveau, me permettra fort probablement de voir ce film de manière plus objective.
En attendant, je conseille donc à ceux qui ne connaisse aucun des deux films, de commencer par celui de Corneau avant de voir celui de Melville. Même film, époques de réalisation différentes.