Congorama a été présenté en 2006 au Festival de Cannes dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs. La même année, il a été présenté au Festival de Toronto.
C'est en rencontrant des cinéastes belges lors de la présentation au Festival de Namur de son premier long métrage La Moitie Gauche du Frigo que le Québecois Philippe Falardeau a eu l'idée de Congorama : "En Belgique, je me suis senti un peu chez moi. Là-bas comme au Québec, il est beaucoup question d'identité, de politique, et les gens sont assez familiers", note-t-il à propos des similitudes entre Belges et habitants de la Belle Province. "Si on a souvent commenté nos différences avec nos "cousins " français on aborde rarement la question avec les Belges francophones qui, comme nous, ont un rapport particulier avec la France, un espace identitaire à protéger face aux Français qui sont beaucoup plus nombreux, beaucoup plus influents sur le plan culturel."
Le film relatant le voyage d'un Belge à la recherche de ses racines au Québec, le titre Congorama a de quoi intriguer. Le réalisateur précise : "Un des premiers lecteurs du scénario m'a fait remarquer que le Congo était à Congorama ce que la Chine était à Chinatown de Roman Polanski. Une sorte d'espace psychologique davantage qu'un lieu. Le Congo a été la propriété personnelle du roi belge Léopold II, puis une colonie de la Belgique. Déjà là, il y a un lien implicite. Mais pour le reste, j'ai vraiment envie que le spectateur tire ses propres conclusions sur le sens du titre, comme j'ai envie qu'il découvre le film sans trop savoir à l'avance ce qu'il va voir. Le récit se déploie au compte-gouttes et j'invite le spectateur à reconstituer lui-même les pièces du puzzle." Ajoutons que Congorama est le nom qu'un des personnages donne à la voiture électrique.
Le cinéaste avait depuis longtemps envie de raconter une histoire se déroulant à la fois en Europe et au Canada. Il revient sur sa relation particulière à ces deux cultures : "Après avoir travaillé à Paris en 1993, je me suis toujours senti à cheval sur deux continents. Une réalité souvent décrite chez nous étant donné notre situation de francophones d'Amérique à la jonction de deux mondes. Mais je trouve que le cinéma a rarement traduit cette réalité de manière naturelle. Le cinéma de coproduction est surtout une affaire de financement et de collaboration (...) Les histoires quant à elles restent souvent bien campées sur un continent. L'histoire devait s'enraciner sur les deux continents pour des raisons dramatiques et dans une vraie perspective de dualité. Les personnages se rencontreraient naturellement, comme dans la vie, sans trop insister sur les différences."
Aux côtés d'Olivier Gourmet en ingénieur belge, Louis est interprété par Paul Ahmarani, artiste canadien aux multiples facettes. Après avoir fait partie du Cirque du Soleil, il a chanté au sein du groupe Les Nouveaux mariés et débuté une carrière au cinéma en 1998. En 2000, Philippe Fallardeau lui confiait (déjà) le rôle principal de La Moitié Gauche du Frigo, son premier long métrage. Il y incarnait un jeune ingénieur au chomage, une prestation saluée par un Jutra (équivalent québécois des César) du Meilleur acteur en 2001.
Philippe Falardeau revient sur le sujet profond du film, la quête identitaire : "C'est seulement en relisant la première version du scénario que le thème du film m'est apparu plus clairement. Le rapport au père et la question de filiation m'ont semblé s'installer en filigrane. Avant d'être ingénieur, Michel est une personne aux prises avec des questions d'identité. Alors que ses compétences professionnelles sont remises en question par son employeur, son père lui apprend qu'il est issu d'une adoption clandestine au Québec. Marié à une Congolaise et père d'un enfant aux traits africains très prononcés, Michel a du mal à composer avec cette nouvelle. Il en veut à son père. Les cartes se brouillent dans son esprit. La raison cartésienne d'un ingénieur n'est d'aucun secours pour affronter une quête identitaire et démêler les émotions. Michel va finir par s'embourber dans une succession de mauvaises décisions."