Sommes-nous dépendants du milieu environnant ? Cette question surgit avec intensité à lordre du jour de la réflexion psychologique, des interrogations sur les déterminants de nos comportements à lheure où nos stratèges en météorologie, réchauffements atmosphériques, perturbations thermiques ou barométriques ne cessent de menacer notre destin, notre avenir et celui de notre descendance des pires catastrophes. On ne sait plus sil faut se référer à une Pythie vieillissante qui délirait parfois pour consulter loracle, offrir un sacrifice aux dieux de la cosmologie, rendre les oracles au début du printemps. En tout cas, elle savait vieillir, cultiver son ignorance au contact du dieu, son esprit par la quête de la pauvreté, son corps par le jeûne, pour offrir au monde, à partir de Delphes ses prévisions les plus bruyantes, ses annonces ponctuées des hurlements les plus frénétiques afin que chacun puisse entendre son message. Plus quun message, cétait une divination, une prophétie, peut-être une révélation déjà inscrite sur les livres comme une destinée, une communication avec le surnaturel. Dans le cercle étroit, fermé des divinités ou de leurs proches, les sibylles étaient au nombre de douze comme une préfiguration à celui des 12 apôtres, mais il ny eut quune Cassandre, Troyenne de sang royal qui eut le destin malheureux de na pas être prise au sérieux et qui assista, impuissante, à la guerre de Troie et à son sac, à lentrée du cheval de bois et enfin à la mort dAgamemnon massacré avec sa famille.
Quel rapport avec le très intelligent film des Ceylan, cette famille qui sest apparemment vouée au 7è art pour produire une uvre nuancée, savançant avec lenteur vers un destin sans sanction et évitant les chutes brutales vers un bonheur futil ou une fin poussiéreuse. A linstar de la vie lorsquelle nest pas sous-tendu par une raison de vivre plus forte que la vie elle-même ou une transcendance qui tire vers les sommets.