Du jour au lendemain, la vie, déjà bien compliquée, de Vincent Mandel (Yvan Attal), bascule dans le grand n'importe quoi, tendance film noir : le photographe, accusé de viol par un mannequin, se retrouve avec un cadavre sur les bras. Une série dévénements qui coïncide avec létrange réapparition de Joseph (Clovis Cornillac), un ami qui lui veut du mal, et va, tel le serpent de son tatouage, lenserrer petit-à-petit, pour mieux le broyer entre ses anneaux. Pourquoi tant de haine ? Il serait cruel de le révéler ici, même si le principal intérêt du film réside plus dans laffrontement psychologique que dans sa cause. Car du statut de souris impuissante, Vincent va progressivement passer à celui de chat, et prendre Joseph à son propre piège.
Ce faisant, Eric Barbier évacue tout manichéisme propre au thriller, option harcèlement, et complexifie ses personnages, accentuant ainsi la réussite de son troisième long métrage, par ailleurs admirablement bien filmé. Avec des mouvements de caméra précis, et un réel talent pour le cadrage, il distille une atmosphère poisseuse et oppressante, dans ce film plus fait dombre que de lumière, et quélectrisent les comédiens. Si Clovis Cornillac est, comme toujours, impeccable dans ce rôle (nouveau pour lui) de psychopathe, Yvan Attal nen est pas réduit à jouer les utilités, et fait même jeu égal avec son partenaire. Leur duel, intense, nous maintient sous tension deux heures durant, de quoi faire oublier un léger sentiment de déjà-vu, et une fin un peu expéditive, qui empêchent le film daccéder aux sommets du genre. Mais que ce ne soit pas une raison pour léviter, car ce Serpent possède suffisamment de mordant pour envenimer lesprit des amateurs de thrillers.