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philbleu
2 abonnés
37 critiques
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4,0
Publiée le 9 octobre 2006
Un très bon film. Derrière les sourires de façade du grand boum chinois, ce film nous livre une autre vision, un autre regard, dun système qui se fourvoie avec « le diable ». On est bien loin des idéaux de propagande, plus proche du mélange des genres corruption/répression. Cest aussi la rencontre de deux chines, de la désillusion. Le ton est juste. A voir.
Véritable bilan des nombreuses années de capitalisme chinois, "Voiture de luxe" est un très joli film qui prend le temps de dérouler les fils de son intrigue, plus perverse qu'elle parait tout d'abord. Renvoyant à tout un pan de l'histoire chinoise récente, la destinée tragique de cette famille est symptomatique de tous les bouleversements subis par le pays depuis une trentaine d'années. Le père a souffert de la "révolution culturelle" mais a trouvé son équilibre, tandis que les jeunes sont plus libres, mais gachent leur vie et leur jeunesse en se perdant dans les mirages de l'argent facile. Cette opposition est traitée avec délicatesse et sensibilité, sans que le film ne tombe dans le mélo. Tous les acteurs sont formidables et finissent par dresser le portrait d'un pays qui a beaucoup souffert et dont les mutations actuelles ne semblent pas lui apporter satisfaction. Un grand film asiatique.
De Wang Chao, écrivain et ancien assistant de Chen Kaïge, on se souvient du choc ressenti à la vision de "l'orphelin d'Anyang", un des plus beaux films chinois qui soit. "Voiture de luxe" est assez différent et, il faut le dire, moins agréablement surprenant. Toutefois ce film, présenté à Cannes dans la Sélection "Un Certain Regard" 2006, vaut quand même bien mieux qu'un regard dédaigneux. Ne serait-ce, une fois de plus, que par tout ce qu'il permet d'apprendre sur l'évolution récente de la société chinoise, avec ce gouffre énorme qui se creuse à beaucoup de points de vue entre les plus grandes villes et les campagnes. On suit tout cela au travers des périgrinations d'un instituteur de campagne qui profite de ses vacances d'été pour venir en ville chez sa fille et essayer de retrouver son fils que lui et sa femme, sur le point de mourir, n'ont pas vu depuis 2 ans. C'est un film court (1 h 28), qui se voit sans ennui et qui nous apprend énormément.
Ce n'est pas le grand changement annoncé. Après un Jour et Nuit plutôt insipide, Voiture de luxe ne rattrape pas fortement le coup. On s'ennuie sévèrement car le scénario met trois plombes à évoluer, vers quelque chose de pas forcément très intéressant. Le moins agréable c'est la direction des acteurs, qui sont sûrement sous-exploité et même si plastiquement ça colle, ça reste moue au niveau du jeu. Bref ça ne prend pas.
Dans la Chine daujourdhui, un instituteur proche de la retraite, vivant à la campagne, vient rendre visite à sa fille qui travaille en ville. Le vieil homme na quune obsession, retrouver son fils, disparu depuis un an. Il sagit dun terrible constat du manque de communication, inhérent à la modernisation de ce pays et déjà vu dans dautres films (The World, par exemple). Le père venant passer plusieurs semaines chez sa fille, ne la voit pas, ne lécoute pas. Il na pourtant pas lair stupide, ni méprisant vis à vis delle, alors même que la jeune fille est dans un état grave de misère sentimentale et morale. Beaucoup de qualités tirent le film vers le haut, la beauté sombre et nette des images, le montage contrasté réservant des moments d'intériorisation des sentiments, le récit clair et laissant tout de même quelques parts dombre. Cependant, lhistoire est noire, peut-être trop noire. Les deux regards à la toute fin, commentant silencieusement ce qui pourrait être un espoir pour la suite, sont totalement désespérés. Du coup, la crédibilité de lensemble en pâtit un peu.
Un regard très pessimiste sur le développement fulgurant de la Chine mais néanmoins très interessant. Ce film ne laisse guère de place à l'espoir. A ne pas voir pendant un coup de blues...