La Nuit Nous Appartient c'est une véritable apothéose pour James Gray, son grand film majeur après 7 ans d'absence.
En soit le cinéaste reste en plein dans sa ligne directrice : relation fraternel, familial, figure du père compliquée, trahison, amour, rédemption, une nuit interminable, un monde de la nuit violent et criminel, plongé dans la magouille, ambiance sombre, presque noir par moment avec des codes complètement aux antipodes du genre, et toujours cette amour pour la tragédie, pour la défaite, la descente aux enfers. Oui, sur le papier ca fait beaucoup de déjà vu.
Mais James Gray arrive à nous offrir tout ca avec un regard nouveau, frais, sur ses personnages en particulier. Mais tout ce qu'il décrit en général l'est parfaitement, c'est sérieux, c'est clairement une apothéose, tout ce qu'il touche ne pouvait pas être mieux exploré. D'où le fait qu'il change complètement de thématique et de style de recit dans son cinéma par la suite.
Cette fois il nous met en scène 2 mondes en confrontation, au sein d'une même famille. L'un est le monde de tout les excès : boîte de nuit, drogue, alcool, sexe, femme à poil, violence, mafia russe.... De l'autre côté de la famille ce sont les forces de l'ordre. En parallèle de ca il y a forcément une relation fraternel, l'un étant considéré comme incontrôlable, l'autre faisant régner l'ordre. Et au milieu, le père, incarné par Robert Duvall, une autre figure du Parrain après James Caan. A mentionner d'ailleurs la direction d'acteur encore une fois impressionnante.
Le personnage principal de cette histoire c'est Joaquin Phoenix, aka Bobby, patron d'un night club. Le type s'isole par lui même de sa famille, cachant même les racines policières de celle ci à cause de ses activités pas toujours super légales. Et au bout d'un moment il se voit coincé dans un étaux, d'un coté ses activités, de l'autre sa famille en danger. C'est là qu'intervient d'ailleurs le personnage d'Eva Mendes, la petite amie de Bobby, et elle n'est pas du tout inutile dans le récit en plus.
Ce qu'il y a aussi de toujours réussit chez James Gray, c'est sa façon de filmer et de présenter New York. Comme à chaque fois chez le réalisateur, la ville est un personnage à part entière. Sombre, violente, multi culturelle, pleine d'excès, véritable terrain de jeu d'un combat entre deux camps proche, mais bien distinct. En plus de cela, on est dans les années 80 cette fois, et c'est bien retranscrit, sans effet tape à l'oeil.
Mais ce qui fait par dessus que La Nuit Nous Appartient est le chef d'oeuvre de James Gray, c'est que le mec se "lâche" enfin derrière la caméra. Très sobre et dans un classicisme quasi permanent dans Little Odessa et The Yards, il prend une ampleur différente dans sa mise en scène. On avait pu en apercevoir quelques bribes dans The Yards, le temps d'une scène où il passait justement par une boîte de nuit. Mais cette fois sa façon de filmer cette boîte, ainsi que la foule est encore plus dingue. La descente de flics dans ce night club est particulièrement réussit par exemple.
Et on retrouve un tas de ces scènes d'actions bien tendu. Je me répète, c'est une nouveauté dans le cinéma de James Gray. Il y a tout d'abord cette infiltration dans le labo de coke tout simplement merveilleuse, ou cette terrible scène de course poursuite sous la pluie, sans musique, avec ce bruit d'essuie glace incessant, plus toute l'émotion qui s'en suit. Que dire du règlement de compte finale + la traque fabuleuse au milieu des joncs et de la fumée. Toujours le découpage et le montage sont au diapason. Et pour le reste du film, il n'en oublie pas cette sobriété froide qui le caractérise tant.
Si je devais résumer ce film très rapidement, je dirais que La Nuit Nous Appartient c'est une apothéose pour son cinéaste, concluant par la même occasion une vraie trilogie avec Little Odessa et The Yards.