Troisième tableau du triptyque de James Gray, We own the night est de loin mon préféré, dès la première vision la force de cette œuvre m'a stupéfié. 7 ans après The Yards, le réalisateur s'est modernisé : les décors, les chansons de disco, le style des personnages, leur façon de parler et d'interagir entre eux, tout jusqu'à leur démarche témoigne d'une recherche de réalisme profond, d'un désir de reproduction des mœurs d'une époque, que l'on vit actuellement et qui par conséquent m'impacte directement davantage à moi que ne pouvait le faire The Yards et Little Odessa qui sont sortis pendant mon enfance. Le scénario reprend le fameux thème de la famille, cette fois axé sur les implications due à un père membre haut placé de la police. Le sujet est traité aussi délicatement que gravement, avec une finesse remarquable, c'est à dire en plaçant le spectateur en position presque subjective vis à vis de Bobby, interprété par Joaquim Phoenix qui est ici peut-être moins sublime que dans The Yards, mais beaucoup plus bouleversant. La scène où il infiltre le camp des dealer m'a noué la gorge et fait frémir, l'attaque de son escorte de policier en voiture n'a rien d'une course poursuite d'action et nous fait ressentir le chaos et la désorientation du personnage dépassé par les événements. Bobby n'a reçu aucun entraînement, pas plus que la majorité des spectateurs de ce film qui prendront immédiatement conscience de ce trouble émotionnel retranscrit à merveille face aux situations difficile qu'il subit. Lorsqu'il devient flic son grade lui insuffle une certaine assurance très compréhensible de notre part et qui se confirme quand il déclare «je suis flic maintenant, j'ai tout les droits ». L'ultime confrontation, digne d'un séquence de suspense longue et intense à la Spielberg, se voit ainsi plus classique dans ce qu'on a l'habitude de voir au cinéma, ce qui est logique vis à vis de l'évolution du personnage. Concernant le reste du casting, j'ai été agréablement surpris par Mark Wahlberg dont le jeu m'avait rebuté lors de ma vision de The Yards et qui ici donne un ton juste à l'officier de police qu'il incarne. Eva Mendès qui a la tâche difficile de succéder à Charlize Theron, quoique pour camper des figures féminines très différentes, est somptueuse, vibrante de réalité psychologique et...physique. On retrouve Robert Duvall dans un rôle à l'opposé presque parfait de l'oncle mafieux de The Yards, il se révèle étonnement touchant et crédible. La musique composé par Wojciech Kilar se range dans la gamme des graves et lentes notes dramatique aux côtés des compositions d'Howard Shore pour les films précédents. Le photographie elle n'a jamais été plus exacte que dans ce dernier opus, sa beauté n'a rien d'artificiel tout en gardant pleinement sa signification artistique. Bref, c'est magnifique, mes émotions ont été cent fois plus violentes pour cette conclusion que pour ses prédécesseurs, le ryhtme et la mise en scène s'étant accélérés et complexifiés dans cette apothéose de vérités sur la société humaine et principalement new yorkaise.